Accueil économie Enjeu économique à la métropole de Lyon : l’Impact comme priorité stratégique

Enjeu économique à la métropole de Lyon : l’Impact comme priorité stratégique

La métropole de Lyon a déjà pris des mesures concrètes pour soutenir l'économie à impact. Elle a créé un observatoire de l'économie à impact et un fonds d'investissement à impact, qui a déjà investi dans plusieurs entreprises. Rencontre avec Émeline Baume, vice-présidente, en charge des questions économiques

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Émeline Baume, vice-présidente, en charge des questions économiques
Émeline Baume, vice-présidente, en charge des questions économiques

Quelle est la signification de l’économie à impact pour la Métropole de Lyon ?

La Métropole de Lyon fait de l‘économie à Impact son cheval de bataille en introduisant le 10 octobre 2023, lors du salon Pollutec, l’observatoire Métropolitain de l’Économie à Impact. Cet outil permet de suivre et de mesurer l’impact des entreprises et des organisations sur le plan social, environnemental et économique.
Les bénéfices d’une entreprise évoluant dans une économie à impact se mesurent à la pérennité de son organisation. Une entreprise qui ne s’engage pas dans l’employabilité de ses salariés, l’inclusion et la justice sociale, et la valorisation de ses ressources, ne survivra pas à long terme selon Emeline Baume, la 1ère vice-présidente à la Métropole de Lyon déléguée à l’Économie, l’Emploi, le Commerce, le Numérique et la Commande publique.
Ce dispositif est applicable à l’ensemble des 164 300 entreprises implantées dans la métropole de Lyon.

Comment la Métropole de Lyon répond-elle à l’urgence économique, sociale et climatique ?

Donc, comment la métropole de Lyon agit pour répondre aux diverses urgences sociales, environnementales, économiques, etc.
Depuis juillet 2020, l’équipe de Bruno Bernard, dont je fais partie, a fait le choix d’accompagner la transformation du territoire. Nous ne parlons pas de transition, ni de bifurcation, nous parlons de transformation.
Ce que cela signifie dans le fond, c’est que l’on va faire avec le réel, avec l’ensemble des organisations qui composent le territoire, les habitantes et les habitants. Ce sont des sujets dont s’occupent plutôt mes collègues en charge de l’eau, des déchets, etc., qui sont aux prises directement avec les comportements des habitants. Moi, je suis en charge du numérique, des achats et de l’économie. 
Donc, avec les entreprises du territoire, leur diversité, nous nous sommes donnés des moyens pour les accompagner sur trois sujets :
– La viabilité environnementale, c’est-à-dire pour simplifier, comment, dans les process productifs, utiliser moins d’énergie, moins d’eau, comment circulariser, comment s’approvisionner davantage en local.
– La justice et l’inclusion sociale, soit comment mettre en place réellement des pratiques d’égalité femmes-hommes, de lutte contre toutes les discriminations et aussi de la place des jeunes, donc les stages de troisième, l’alternance et l’apprentissage, et la place des seniors dans l’entreprise et dans l’organisation. Mais aussi comment adopter une éthique des affaires, donc comment porter une éthique des achats responsables dans les organisations.
– Le troisième pilier concerne la diversité des modèles économiques sur notre territoire, pour laisser de la place à la diversité des organisations. Certaines d’entre elles sont d’ailleurs de mon point de vue extrêmement vertueuses de par leur statut, ce sont les organisations de l’économie sociale et solidaire. Elles ont une vision de la démocratie au sein de leurs organisations et mesurent leur impact de par leur statut. Les autres organisations (TPE, PME, PMI, ETI), elles, doivent se mettre en mouvement pour mesurer les impacts.
Nous avons adopté cette approche, à partir de laquelle nous avons des éco-incitations, pour aider à l’investissement. Nous avons aussi une logique d’accompagnement sur les sujets d’inclusion et de justice sociale, avec un outil qui s’appelle la Maison métropolitaine d’insertion pour l’emploi.
Et nous mettons en place une logique d’achat responsable, pour donner de la visibilité aux entreprises, en leur disant : « pivotez » et vous pourrez ainsi répondre à notre commande publique et vous générerez du chiffre d’affaires.

Que fait la métropole en termes d’économie à impact, qu’est-ce que cela signifie pour la Métropole de Lyon ?

Nous avons fait le choix de parler d’économie à impact pour pouvoir emmener réellement toutes les organisations du territoire. Je sais très bien que le sujet « impact », pour certains, revient juste à compter les externalités négatives et les externalités positives des entreprises, sans se poser la question du modèle d’organisation interne.
Pour moi, et pour la Métropole de Lyon, lorsque l’on parle d’impact, il s’agit d’une façon de simplifier le problème qu’il y a sur les trois aspects que l’on souhaite observer dans le fonctionnement d’une organisation : la viabilité environnementale, l’inclusion et la justice sociale et la diversité des modèles économiques (c’est-à-dire l’éthique des affaires, le type de gouvernance, les pratiques d’achats responsables).
C’est une approche très globale, qui permet de tenir le récit selon lequel la Métropole de Lyon souhaite accompagner la transformation du territoire, avec toutes les organisations.
Pour piloter cet accompagnement de la transformation, nous avons souhaité mettre en avant des données publiques validées et agrégées. Ce ne sont pas des données de la Métropole de Lyon, ce sont les données de l’INSEE, de Pôle Emploi, du Cerema, etc.
Dans le cadre d’un observatoire métropolitain de l’économie à impact, le sujet n’est pas de demander aux entreprises quels sont leurs impacts sur la viabilité environnementale, sur l’inclusion et la justice sociale et sur les modèles économiques.
Il s’agit d’analyser les données qui sont en données ouvertes existantes, de les agréger, puis ensuite de les publier de façon lisible, simplement, factuellement par un collaborateur ou une collaboratrice d’une entreprise, par un acheteur, un salarié, un entrepreneur, un financier, etc, pour visualiser à l’échelle physique du territoire de la Métropole l’impact de l’ensemble des organisations de la Métropole.
C’est-à-dire l’impact sur la quantité d’eau utilisée, la qualité de l’eau, la quantité de déchets produits, la qualité de l’air ; mais aussi sur le niveau d’égalité femmes-hommes au niveau professionnel, sur le taux de chômage, sur la question des parcours d’insertion, les clauses sociales, etc. 
C’est tout cela que l’on retrouve dans l’observatoire métropolitain de l’économie à impact.

En quoi le développement d’une économie à impact positif est-il bénéfique pour les entreprises ?

Quel est l’intérêt des entreprises du territoire à suivre ce mouvement, à s’inscrire dans cette dynamique d’économie à impact ?
Je me répète, mais la Métropole de Lyon est une collectivité territoriale, avec de l’argent public, un commun que l’on met au service du maintien du commun. 
Le commun impliquant d’une façon ou d’une autre de participer à la préservation des ressources et à la diversité du vivant ; participer à la cohésion sociale et à l’inclusion sociale ; participer à une forme de relocalisation et de maintien des activités productives entre autres sur notre territoire.
Le territoire de la Métropole de Lyon n’est pas responsable de tous les désordres globaux internationaux. 
En revanche, la Métropole de Lyon a des habitantes et des habitants, des ingénieurs, des étudiantes et étudiants, des financiers, des parents d’élèves, etc, qui ont envie de s’impliquer dans la résolution de ces désordres globaux.
S’impliquer signifie, en tant qu’entrepreneur, avoir des incitations de la part de la collectivité territoriale pour pivoter dans son modèle économique, pour consommer moins de ressources, pour préserver du vivant, pour être plus inclusif, pour acheter en local. C’est ce que nous mettons en place et c’est le message que l’on porte aux entreprises du territoire.
Il y a des entreprises qui sont extrêmement matures sur les sujets du vivant et du carbone. Il y en a certaines qui sont extrêmement matures sur les sujets sociaux, il y en a qui sont extrêmement matures sur les sujets des achats. Il y en a même qui essaient de piloter ces trois aspects. Il y en a d’autres qui sont très loin de ces sujets.
Ma mission en tant que Vice-Présidente en charge de l’économie, c’est de permettre à l’ensemble des organisations, l’ensemble des entreprises du territoire d’avoir accès aux éco-incitations de la Métropole de Lyon, d’avoir accès à la commande publique de la Métropole de Lyon, de pouvoir être accompagné dans sa transformation.

Quelles entreprises sont concernées ?

Est-ce que cela concerne toutes les entreprises du territoire ? 
L’observatoire métropolitain de l’économie à impact, ce sont des données publiques agrégées et consolidées, qui permettent de visualiser l’activité de toutes les entreprises qui se situent physiquement et qui agissent physiquement sur le territoire administratif de la Métropole de Lyon, soit un peu plus de 1 400 000 habitants et 59 communes. 

L’observatoire métropolitain de l’économie à impact de la Métropole de Lyon : comment a-t-il été conçu ?

Comment la Métropole de Lyon a élaboré cet observatoire métropolitain de l’économie à impact. 
La Métropole de Lyon a contacté une entité publique : l’agence d’urbanisme, qui en son sein a des chargés de missions qui traitent des données publiques et ouvertes. Ce sont des données sociales, issues de l’INSEE et de Pôle Emploi, des données biophysiques, issues de l’agence de l’eau, du Cerema, de l’IGN. Un chef de projet de la Métropole de Lyon a agrégé toutes ces données pour les rendre lisibles et visibles du public des entreprises, les salariés des entreprises, les collaborateurs des entreprises, les entrepreneurs. Tout cela pour pouvoir publier sur notre site Internet un observatoire de l’économie.

Quel est le budget alloué à ce projet d’économie à impact ?

Tout ce que porte la délégation économie. Il n’y a pas de budget dédié, puisque nous nous consacrons à cela. Les plus de 40 ETP qui travaillent avec moi ne font que ça. Pour les aides, les éco-incitations, il y a plus d’1 million d’euros consacré à cela. Nous ne faisons rien d’autre.
Avez-vous un mot pour la fin ?
La Métropole de Lyon veut accompagner la transformation de toutes les organisations, de toutes les entreprises du territoire. Trois points intéressent la Métropole de Lyon :
Abaisser l’impact des entreprises sur le système environnemental, ce que l’on appelle la viabilité environnementale. Pour abaisser l’impact, il faut savoir où nous en sommes collectivement. C’est ce que l’on retrouve dans l’observatoire de l’économie à impact.
– Ensuite, nous voulons augmenter l’impact social des entreprises du territoire. Pour l’expliquer autrement : qu’elles embauchent une plus grande diversité de personnes, sur une diversité de postes, qu’il y ait de la place pour les jeunes, les seniors. Que les entreprises travaillent sur leur « employeurabilité ». Cela concerne aussi le respect de la réglementation en matière de personnes en situation de handicap, etc. Nous souhaitons donc augmenter l’impact social des entreprises du territoire. Pour cela, elles doivent savoir où elles se situent. 
– Comme troisième point, nous souhaitons que les organisations du territoire coopèrent davantage entre elles, qu’elles achètent les unes aux autres au lieu d’acheter à l’autre bout du monde. Mais aussi qu’elles mutualisent des process de production, par exemple. Ou encore qu’elles s’organisent pour avoir une mobilité inter-salariés. Nous appelons cela l’impact en coopération. Cet aspect est aussi mesuré dans l’observatoire de l’économie à impact. 
Ce que je veux dire par là, c’est que nous voulons transformer les modèles d’affaires des entreprises du territoire en regardant la diversité des impacts. Cela concerne la manière dont elles sont organisées à l’intérieur de l’entreprise, mais aussi leurs liens avec les autres.
L’impact environnemental, l’impact social et l’impact coopératif.

 

Bilan du dispositif 

Depuis le début du mandat, la Métropole de Lyon se mobilise auprès des acteurs économiques pourencourager les coopérations et accélérer leurs transformations. Ce soutien passe notamment par :
– Une action économique de proximité auprès de tous les territoires et au contact de toutesles parties prenantes, privées comme publiques : plus de 2 500 rendez-vous ont été réalisés en 2022 avec des entreprises du territoire.
– De nombreuses actions d’animation collective telles que l’animation des 140 comptes clés mais également de nombreuses actions d’animation dans le cadre des dispositifs « Pépites »,« Grand 8 » et « Lyon Start up ».
La Métropole est aussi à l’initiative de nombreuses actions demobilisation auprès des industriels telles que le « Manifeste pour une industrie qui setransforme et s’engage pour l’environnement » initié il y a deux ans ou encore le «
achat responsable
» lancé dernièrement par la mission Lyon Vallée de la Chimie. Enfin, dans le cadre de Lyon Pacte PME, près de 600 entreprises ont été accueillies à la Métropole de Lyon sur desévènements collectifs cette année.
La montée en puissance des aides directes : 20 millions d’euros d’aides directes ont été engagées depuis 2020 entre les financements des entreprises lauréates au Fonds d’Amorçage Industriel Métropolitain et celles retenues dans le cadre du Fonds de soutien à l’innovation sociale. Plus de 100 entreprises ont également été financées dans le cadre du dispositif« Lyon Eco Energie + » et de plusieurs appels à projets métropolitains dédiés à la transitionécologique des entreprises depuis 2022 pour un montant d’1,5 million d’euros.
Le développement d’outils immobiliers dédiés à des cibles stratégiques : 240 entreprises sont actuellement hébergées dans des fonciers de la Métropole de Lyon et 150 sont accueillies surdes opérations financées par la Métropole. Une centaine d’entreprises supplémentairesseront hébergées dans les Pôles Territoriaux de Coopération économique (PTCE) et les deux nouveaux pôles LYVE situés à Vaulx-en-Velin et Vénissieux.

 

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