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L’intelligence émotionnelle, pour un management constructif et performant

Défini par deux psychologues américains en 1990, ce concept gagne du terrain dans le monde de l’entreprise. Une tendance nécessaire autant que prometteuse pour Justine Monérau (agence Pépita) et Frank Petitdemange (groupe Actual). Et au vu de la situation en France, due au coronavirus, les émotions de la population sont mises à rude épreuve. De ce fait, lors de la relance, le management par les émotions sera incontournable. Ainsi nous devrons impérativement tenir compte des émotions dans notre management lors de la relance économique.

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Jean Bergue, Frank Petitdemange, Justine Monérau (agence pepita) à BFM Lyon - Managers Actuels,
Jean Bergue, Frank Petitdemange, Justine Monérau (agence pepita) à BFM Lyon - Managers Actuels,

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Les émotions ont-elles leur place dans le monde du travail ?

Assurément, peut-on répondre aujourd’hui sans (trop) hésiter. Cette évidence était loin d’en être une il y a encore quelques années, lorsque le modèle du manager tout-puissant était largement dominant. Aujourd’hui, les nouvelles générations d’actifs – parmi lesquels des managers eux-mêmes – contribuent à transformer radicalement les relations au travail grâce à un concept qui fait fureur : l’intelligence émotionnelle.
Cette notion d’intelligence émotionnelle (IE) est relativement récente. Elle a été proposée en 1990 par les psychologues américains Peter Salovey et John Mayer. Pour eux, l’IE se situe à l’intersection des cognitions et des émotions. Ils la définissent comme « une forme d’intelligence qui suppose la capacité à contrôler ses sentiments et émotions et ceux des autres, à faire la distinction entre eux et à utiliser cette information pour orienter ses pensées et ses gestes ».
La même année, Daniel Goleman, psychologue et journaliste scientifique américain, découvre les travaux de Salovey et Mayer. Il s’en inspire et, après quelques années de recherche, publie en 1995 un livre qui popularisera le concept : L’intelligence émotionnelle. Le modèle proposé par Goleman sera par la suite adapté au contexte de la vie au travail. Enfin, à la fin des années quatre-vingt-dix, Reuven Bar-On, directeur de l’Institut des intelligences appliquées du Danemark et expert-conseil auprès de diverses organisations en Israël, fut l’un des premiers à  mesurer l’IE en utilisant l’expression « quotient émotionnel » (QE).

« C’est quelque chose d’incontournable »

Appliquée en entreprise, l’intelligence émotionnelle est de plus en plus perçue comme un levier de performance économique grâce à un management plus humain et constructif. « L’intelligence émotionnelle arrive en force aujourd’hui, c’est quelque chose d’incontournable : depuis qu’on est né, on se développe et on évolue grâce à nos émotions. Pendant des années, il a été de bon ton de dire qu’on ne tient pas compte des émotions des gens dans l’entreprise parce que ça ne se fait pas, parce que ce n’est pas positif. C’est en train de changer et il faut que ça change.
D’ailleurs au vu de la situation en France due au Covid 19, les émotions de la population sont mises à rude épreuve. De ce fait, lors de la relance, le management  par les émotions sera incontournable. Ainsi nous devrons impérativement tenir compte des émotions dans notre management lors de la relance économique », affirme Frank Petitdemange, directeur régional (Auvergne-Rhône-Alpes) du groupe Actual.
Au cœur des méthodes de management, l’intelligence émotionnelle l’est également dès le recrutement. « Aujourd’hui on se rend compte qu’effectivement, les émotions deviennent prépondérantes par rapport à un diplôme ou à un coefficient intellectuel », confirme Justine Monérau, directrice associée de l’agence Pépita.
Ainsi, a été remise en cause l’idée, globalement acceptée, selon laquelle le QI était l’unique facteur de succès. L’intelligence émotionnelle est une aide précieuse pour faire face aux situations des plus complexes, ce qui explique combien elle est recherchée en entreprise. Des décennies de recherches ont même démontré que 90 % des personnes les plus performantes ont un quotient émotionnel (QE) élevé. Seulement, contrairement au QI, le QE, parce qu’il n’est pas inné, est extrêmement malléable. À chacun donc de faire fructifier son IE ! 
Certes, mais dans quel sens ? À quoi peut ressembler ce manager qui gère ses émotions ?
« C’est quelqu’un, dans un premier temps, qui sait tirer le positif de chaque situation, même en cas de difficultés, et qui va avoir tendance à se remotiver, explique Justine Monérau. C’est quelqu’un, également, qui est bienveillant, à l’écoute des gens et des nouvelles idées, quitte à faire des essais et à se tromper, mais il saura rebondir. Enfin, c’est quelqu’un qui sait dire non et imposer son point de vue, bien sûr en toute bienveillance. »

Connais-toi et les autres tu connaîtras ?

Ces qualités s’acquièrent et le coaching peut être une solution. Une démarche qui consiste à, dans un premier temps, par mieux se connaître soi-même. « Pour travailler sur les émotions en général, il faut déjà connaître les siennes. Les reconnaitre, savoir les maitriser, les contrôler, les orienter pour mieux reconnaitre celles des autres », conseille Franck Petitdemange. Justine Monérau va dans le même sens : « Le coach sera là pour savoir détecter dans la personne toutes les compétences qu’elle a et dont elle ne se rend peut-être pas compte. Il va la faire travailler dessus, l’accompagner sur le terrain. L’objectif est de faire ressortir le meilleur du manager afin qu’il puisse être performant. »
La bienveillance, la motivation, le leadership émotionnel sont autant d’éléments pour créer les conditions du bien-être au travail. Un véritable atout pour recruter. « Certaines branches professionnelles ne trouvent plus de main-d’œuvre parce que le management n’y est absolument plus adapté à l’attente des candidats, constate Franck Petitdemange. Il ne faut pas oublier que la première chose que les gens recherchent, ce n’est pas l’aspect financier, mais le bien-être au travail. Et si l’on ne tient pas compte des émotions, ce n’est pas possible de le mettre en place dans son entreprise. Il est juste capital d’aller dans ce sens-là. »
Être bien dans son job n’empêche pas la performance à son poste, bien au contraire selon Frank Petitdemange. « Bien souvent, il y a ces peurs, instinctives : “si je fonctionne comme cela, ça ne va pas aller et je vais perdre le pouvoir.” Pas du tout, c’est tout à fait l’inverse et on le constate dans toutes entreprises qui ont mis cela en place. C’est une vraie démarche profonde, et intéressante pour tout le monde », conclut le directeur régional d’Actual.

RETRANSCRIPTION ÉMISSIONS

Jean BERGUE : Aujourd’hui on va parler d’un sujet qui est à la pointe de l’évolution du management, c’est l’intelligence émotionnelle. Pour ce faire, j’ai le privilège d’accueillir Frank Petitdemange, directeur régional du groupe Actual, et Justine Monérau, directrice associée de l’agence Pépita.
Frank, pouvez-vous nous expliquer ce qu’est l’intelligence émotionnelle, mais, avant tout, pourquoi est-ce que l’on est amené à évoluer dans nos méthodes de management.
Frank PETITDEMANGE : L’intelligence émotionnelle arrive en force aujourd’hui, c’est quelque chose d’incontournable : depuis qu’on est né, on se développe et on évolue grâce à nos émotions. Pendant des années, il a été de bon ton de dire qu’on ne tient pas compte des émotions des gens dans l’entreprise parce que ça ne se fait pas, parce que ce n’est pas positif. C’est en train de changer et il faut que ça change. C’est aujourd’hui incontournable notamment dans les jeunes générations qui arrivent, et pour toute personne qui est sur le marché du travail.
Jean BERGUE : On est vraiment poussé à ce changement, notamment à cause de – ou grâce à – ce changement générationnel ?
Frank PETITDEMANGE : Tout à fait.
Jean BERGUE : Justine, je vais te poser une question peut-être un peu plus compliquée qui est d’entrer dans le détail de l’intelligence émotionnelle et du management par l’intelligence émotionnelle.
Justine MONÉRAU : Le management émotionnel, c’est savoir prendre en compte ses émotions. Aujourd’hui on se rend compte dans le recrutement qu’effectivement, les émotions deviennent prépondérantes par rapport à un diplôme ou à un coefficient intellectuel. Il faut développer ses émotions, sauf que cela n’est pas forcément évident… À quoi peut ressembler ce manager qui gère ses émotions ? C’est quelqu’un, dans un premier temps, qui va penser positif, qui va savoir tirer le positif de chaque situation, même en cas de difficultés, et qui va avoir tendance à se remotiver grâce à cela. C’est quelqu’un, également, qui va savoir être bienveillant, à l’écoute des gens et des nouvelles idées sans être réactionnaire mais qui va savoir tirer parti de tout cela. Quitte à faire des essais et à se tromper, mais il saura rebondir. C’est quelqu’un qui sait dire non, imposer son point de vue, bien sûr en toute bienveillance.
Jean BERGUE : Franck, pourquoi est-ce qu’on en parle de plus en plus ?
Frank PETITDEMANGE : Aujourd’hui, on est confronté à un changement radical dans l’aspect management. Il y a beaucoup de turnover, certaines branches professionnelles qui ne trouvent plus de main-d’œuvre parce que le management n’est absolument plus adapté à l’attente des gens. Il ne faut pas oublier que la première chose que les gens recherchent quand ils cherchent un travail, c’est le bien-être, pas l’aspect financier, mais le bien-être au travail. Et ce bien-être au travail, si on ne tient pas compte des émotions, ce n’est pas possible de le mettre en place dans son entreprise. Il est juste capital aujourd’hui d’aller dans ce sens-là. 
Jean BERGUE : Justine, quel est l’avantage pour l’entreprise de mettre en place ce type de management ?
Justine MONÉRAU : C’est de travailler sur le bien-être dans l’entreprise, de savoir motiver ses collaborateurs, savoir les emmener, les comprendre. En gros, c’est savoir améliorer le capital humain de son entreprise. 
Jean BERGUE : Je te pose la même question, Franck : quel est l’avantage pour une entreprise de mettre en place le management émotionnel ?
Frank PETITDEMANGE : Il n’y a que des avantages. Cela va faire que les gens vont se sentir mieux car il y a un vrai bien-être, ils vont prendre du plaisir au travail. Il ne faut pas se tromper : ce n’est pas parce qu’il y a du plaisir et du bien-être au travail que ça va à l’encontre de l’aspect économique d’une entreprise. Bien souvent, il y a ces peurs, instinctives : “si je fonctionne comme cela, ça ne va pas aller et je vais perdre le pouvoir.” Pas du tout, c’est tout à fait l’inverse et on le constate dans toutes entreprises qui ont mis cela en place. C’est une vraie démarche profonde, et intéressante pour tout le monde.
Jean BERGUE : Et d’après toi à quoi ressemble le manager idéal aujourd’hui ?
Frank PETITDEMANGE : Déjà, c’est quelqu’un qui a fait un travail sur lui en premier lieu, car pour pouvoir travailler sur les émotions, il faut déjà connaître les siennes. Les reconnaitre, savoir les maitriser, les contrôler, les orienter pour mieux reconnaitre celles des autres. Pouvoir travailler avec les autres sur les émotions, c’est d’abord par soi qu’on commence.
Jean BERGUE : Justine, peux-tu nous expliquer comment on exprime son intelligence émotionnelle ?
Justine MONÉRAU : Ce n’est pas inné. C’est quelque chose qui se travaille, une posture à acquérir. Ce sont des compétences à identifier en soi et en le faisant tout seul, c’est compliqué. C’est pourquoi il faut savoir se faire accompagner, en gros, c’est un coaching.
Le coach sera là pour savoir détecter dans la personne toutes les compétences qu’elle a et dont elle ne se rend peut-être pas compte. Il va la faire travailler dessus, faire des exercices, il va l’accompagner dans l’application sur le terrain puisque c’est aussi cela le coaching, c’est savoir identifier, travailler mais mettre en application derrière. C’est faire ressortir le meilleur du manager pour qu’il puisse être performant. C’est comme cela qu’on travaille chez Pépita. 
Jean BERGUE : Frank, en deux mots, le management émotionnel ?
Frank PETITDEMANGE : Je dirais simplement : n’ayez pas peur. Osez, osez aller vers ce management, vous y prendrez beaucoup de plaisir, vos collaborateurs en prendront beaucoup aussi et vous vivrez dans une entreprise qui sera vraiment intéressante. Il faut dire que c’est nous qui construisons l’ambiance dans laquelle on travaille.
Jean BERGUE : C’est l’une des meilleures clôtures que j’aie jamais faite, donc : « Osez » !