Mariane Sauzet et la Color Therapy : du design intérieur au business du bien-être
Color Therapy, de Mariane Sauzet, publié en 2025 par Le Courrier du Livre (groupe Guy Trédaniel)
Comment la couleur s’impose comme capital immatériel dans l’économie du bien-être
Avec sa « Color Therapy », l’architecte d’intérieur Mariane Sauzet propose d’utiliser les couleurs comme leviers d’équilibre personnel. Une promesse qui arrive au moment où l’économie mondiale du bien-être frôle les 6 300 milliards de dollars et vise les 9 000 milliards d’ici 2028.
La couleur n’est pas seulement question de goût ou de décor : pour Mariane Sauzet, architecte d’intérieur et coloriste, elle est un capital immatériel à valoriser. Dans Color Therapy, elle propose une méthode singulière—entremêlant design, vécu et bien-être émotionnel—qui envisage les couleurs comme de véritables leviers d’équilibre.
Sa démarche part d’une expérience personnelle profonde : un cancer qui l’a conduite à tester sur elle-même le pouvoir réparateur du magenta, la respiration du vert et la sérénité du cyan.
De cette épreuve est née sa méthode, la Color Therapy, prolongée par le test algorithmique COLORdécoTHERAPY, censé permettre à chacun d’identifier ses “couleurs thérapeutiques” à un moment précis, en accordant la peau physique, vestimentaire et l’habitat en une harmonie énergétique.
L’auteure ne revendique pas un statut médical. Son travail repose sur l’empirisme, sur deux décennies de retours clients, enrichi de postulats issus de la psychologie des couleurs selon laquelle le bleu favoriserait la détente, le vert la récupération ou le rouge l’ancrage vital. Mais le cœur de sa méthode réside dans un ressenti subjectif puissant :
« Nos couleurs sont comme de la dopamine », écrit-elle, soulignant que l’essentiel est l’expérience émotionnelle vécue par chacun.
Ces approches trouvent un terrain propice dans une réalité économique en pleine expansion. L’économie mondiale du bien-être a atteint environ 6 300 milliards de dollars en 2023, près de 6 % du PIB mondial, et pourrait dépasser 9 000 milliards à l’horizon 2028, avec une croissance annuelle attendue autour de 7 %.
Certains segments tirent le marché : l’immobilier orienté mieux-être, en plein essor, pèse déjà plusieurs centaines de milliards et capte l’attention des promoteurs ; le mental wellness progresse à deux chiffres, porté par les entreprises comme par les particuliers.
Ce mouvement nourrit des usages stratégiques de la couleur dans des secteurs variés.
En santé, l’architecture hospitalière privilégie des palettes apaisantes pour les espaces d’attente et de soins.
En marketing, le rouge reste un accélérateur d’attention quand le vert incarne la durabilité ; dans le numérique, le bleu s’impose pour installer confiance et concentration. La pandémie a renforcé ce besoin d’environnements sereins : la demande pour le vert, couleur de respiration, s’est imposée dans les consultations de design intérieur et les chartes de marque.
La Color Therapy se situe à la frontière du design, du développement personnel et des thérapies complémentaires. Ses détracteurs y voient un placebo ; ses partisans la comparent au yoga ou à la méditation, longtemps périphériques avant d’être adoptés par le grand public et parfois par l’entreprise.
Dans une économie de l’expérience où la valeur perçue compte autant que la performance strictement mesurable, ce ressenti acquiert une dimension monétisable : mieux-être des salariés, adhésion aux soins, satisfaction client, fidélité à la marque.
Plus qu’une méthode, l’auteure Mariane Sauzet défend un art de vivre. Choisir ses couleurs consciemment, c’est questionner les diktats esthétiques et préférer le sur-mesure énergétique au prêt-à-porter des tendances.
« Nos couleurs sont les portes de notre âme », écrit-elle.
Formule lyrique, certes, mais qui traduit une aspiration forte : rendre à la couleur son pouvoir d’équilibre, dans un monde où l’immatériel—attention, confiance, émotion—pèse de plus en plus lourd dans la création de valeur.
