Accueil SOCIÉTÉ Cyberdéfense, éthique et diplomatie civile : les nouveaux chantiers du G.E.R.M.E.S

Cyberdéfense, éthique et diplomatie civile : les nouveaux chantiers du G.E.R.M.E.S

Quarante ans après sa fondation, le G.E.R.M.E.S. dévoile sa stratégie 2026 : cyberdéfense, diplomatie civile et candidature officielle auprès des Nations Unies. Reportage

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De Villeurbanne à New York : l’ONG G.E.R.M.E.S. prépare son virage onusien
De Villeurbanne à New York : l’ONG G.E.R.M.E.S. prépare son virage onusien

Villeurbanne, berceau du G.E.R.M.E.S. : 40 ans d’engagement pour la défense citoyenne

Think tank français de la défense : le G.E.R.M.E.S veut peser dans le débat stratégique international

Héritage de Villeurbanne et projet global : le G.E.R.M.E.S. affirme sa singularité en associant mémoire, innovation et ambitions internationales.

À Villeurbanne, dans l’ombre du souvenir de Charles Hernu, le Groupement d’Études et de Réflexion Militaires et Stratégiques (G.E.R.M.E.S) vient de célébrer ses quarante ans.

Peu connu du grand public, ce réseau singulier, né en 1985 autour de l’ancien ministre de la Défense, revendique aujourd’hui une ambition claire :

transformer une initiative locale en acteur reconnu sur la scène internationale, avec un objectif symbolique et stratégique à la clé — une reconnaissance par les Nations unies.

Le G.E.R.M.E.S s’est construit dès ses origines comme un « carrefour » entre réflexion militaire, recherche universitaire et initiatives civiles. Loin d’un cercle fermé, il a multiplié au fil des années les passerelles avec des experts, des collectivités, des think tanks et même des acteurs privés.

Sa philosophie repose sur trois principes :

  • replacer la défense au cœur de l’engagement citoyen,
  • dépasser le cadre strictement étatique,
  • et inscrire la sécurité dans une approche globale mêlant politique, économie et social.

« La défense ne peut être l’exclusivité d’un seul État », résume l’un des fondements posés par Charles Hernu en 1985.

Pour marquer son 40e anniversaire, le groupement a présenté une « Stratégie 2026 » qui sonne comme un manifeste. Il s’agit d’abord de se doter d’un statut international : un dossier sera prochainement déposé auprès de l’ONU afin d’obtenir la reconnaissance officielle d’ONG.

Pce. Pierre-Henry Reynaud de Madrid
Pce. Pierre-Henry Reynaud de Madrid

Selon son président Pierre-Henry Reynaud de Madrid, président de l’institution, un magazine indépendant serait en cours de préparation, avec une première parution envisagée dans les mois à venir, possiblement à l’international. 

Une lettre adressée aux Villeurbannais serait également prévue, « car cette institution leur appartiendrait ».

En parallèle, G.E.R.M.E.S entend structurer un réseau de « diplomatie civile », en tissant des liens opérationnels avec des institutions partenaires et des corps diplomatiques. Forums, salons de la défense citoyenne, conférences internationales et commémorations de Charles Hernu doivent fournir autant de points de rencontre.

L’innovation et la cyberdéfense occupent également une place centrale dans cette feuille de route. L’organisation prévoit de lancer une plateforme de formation en ligne et des modules spécialisés pour répondre aux nouveaux risques.

Plusieurs départements internes — industrie, cybersécurité, éthique et intelligence artificielle — sont déjà mobilisés, réunissant officiers en retraite, universitaires, consultants et conseillers internationaux. Une composition qui illustre la volonté de croiser les regards et d’échapper à une approche strictement militaire.

Jean-Claude Parunakian et son associé Daniel Grivelet, de Koud’Ici, ont rejoint l’association pour mettre à profit leur expertise en cybersécurité, « un levier essentiel dans le contexte actuel ».

L’ancrage mémoriel reste cependant essentiel. À travers l’Atelier Charles Hernu, comité statutaire du G.E.R.M.E.S., l’association revendique la fidélité à l’héritage de son fondateur. Préserver son œuvre à Villeurbanne, entretenir sa mémoire et promouvoir son idée sociale : autant de missions qui s’ajoutent à la projection internationale de l’organisation. Ce double visage — local et global — nourrit une identité particulière, entre hommage et stratégie.

Reste une question : quels moyens pour quelles ambitions ? Si le réseau bénéficie d’un tissu de partenaires — de la Maison Reynaud de Madrid à l’association Loiart en passant par des initiatives numériques comme KloudICI —, son influence demeure encore limitée comparée aux grands think tanks ou aux institutions étatiques.

Pourtant, ses membres assurent que l’avenir se joue dans cette « diplomatie civile », une voie alternative qui conjugue expertise stratégique, dialogue citoyen et innovation technologique.

Dans un monde traversé par des crises géopolitiques, des menaces cyber et des fractures sociales, le pari de G.E.R.M.E.S pourrait séduire ceux qui cherchent à repenser les équilibres de la sécurité internationale.

Quarante ans après sa naissance à Villeurbanne, l’organisation veut prouver que la réflexion stratégique française peut aussi s’écrire à l’échelle mondiale.

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