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Export 2025 : pourquoi les PME françaises décrochent fortement à l’international

Les dirigeants de PME évoquent des freins structurels croissants, poussant de nombreuses entreprises à réduire l’export et privilégier des stratégies européennes plus sécurisées. Décryptage

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5ème édition du Baromètre Export des PME réalisé par Opinionway pour Capital Export/Rexecode
5ème édition du Baromètre Export des PME réalisé par Opinionway pour Capital Export/Rexecode

PME françaises : les vraies raisons du recul historique de l’export en 2025

PME françaises : l’export décroche et se recentre sur l’Europe face à un monde jugé plus risqué

Le Baromètre Export, réalisé par Opinionway pour Capital Export/Rexecode, révèle une chute historique des activités internationales des PME françaises, marquée par un repli général et des tensions géopolitiques persistantes.

Les PME tricolores se replient fortement à l’international en 2025. Coûts logistiques en hausse de +20 %, risques de paiement en bond de +20 %, désamour inédit pour les États-Unis, montée des barrières douanières, instabilité politique française : le Baromètre Export OpinionWay pour Capital Export/Rexecode montre une rupture profonde dans la dynamique d’exportation des entreprises.

Si 54 % des dirigeants restent confiants à moyen terme, la stratégie internationale des PME se transforme rapidement, entre repli tactique, M&A, nearshoring et déploiement accéléré de l’IA.

Baromètre Export des PME
Baromètre Export des PME

L’exportation, moteur traditionnel de croissance des PME françaises, décroche nettement en 2025. Selon la 5ᵉ édition du Baromètre Export OpinionWay pour Capital Export et Rexecode, seules 37 % des entreprises de 10 à 100 millions d’euros réalisent aujourd’hui une activité à l’international, soit vingt points de moins qu’en 2024, un plus bas historique. La part du chiffre d’affaires réalisé à l’étranger diminue de sept points, tombant à 14 %.

Les PME faiblement exportatrices s’effondrent de quatorze points, là où les entreprises les plus internationalisées reculent de sept points. Le choc est particulièrement sévère dans l’industrie : 68 % des entreprises industrielles étaient présentes à l’international en 2024, elles ne sont plus que 35 % en 2025, un recul de près de 50 % en douze mois.

Baromètre Export des PME
Baromètre Export des PME

Si le mouvement est si brutal, c’est aussi parce que les freins structurels se multiplient et s’intensifient. Les coûts logistiques, déjà élevés, progressent de +20 %, une hausse qui en fait la première préoccupation de 57 % des entreprises exportatrices.

Les délais et risques de paiement des clients étrangers augmentent eux aussi de +20 %, désormais cités par 47 % des dirigeants.

L’offre jugée insuffisamment compétitive gagne vingt points en un an pour atteindre 45 %, tandis que le manque d’agressivité commerciale bondit de vingt-quatre points à 44 %.

Pour la première fois depuis 2022, tous les freins atteignent simultanément leur niveau le plus élevé. Le résultat est un climat où l’export apparaît non seulement plus coûteux, mais plus risqué et plus difficile à maîtriser.

Pourtant, la confiance ne disparaît pas complètement. La moitié des dirigeants se déclarent optimistes sur leur développement international d’ici fin 2026.

Et, à moyen terme (2027–2029), 54 % se disent confiants quant aux perspectives de croissance hors de France.

Parmi les entreprises déjà actives à l’international, 55 % souhaitent renforcer leur activité, preuve que l’envie de conquête résiste malgré la conjoncture. En miroir, parmi les entreprises qui n’exportent pas, 84 % n’envisagent toujours pas de franchir le pas, mais une frange de 15 % se dit prête à l’examiner si les conditions s’améliorent.

Le glissement géographique des priorités confirme cette prudence nouvelle

L’Europe occidentale redevient un refuge stratégique, cumulant proximité logistique, stabilité réglementaire et prévisibilité commerciale. Soixante-quatre pour cent des entreprises souhaitent désormais y renforcer leur présence (+5 points).

À l’inverse, les États-Unis subissent un désamour spectaculaire : 28 % des dirigeants ne veulent plus s’y développer, une hausse fulgurante de vingt-trois points en un an. Les tensions politiques, les nouveaux droits de douane et les signaux d’hostilité commerciale refroidissent nettement les PME françaises. L’Asie, longtemps perçue comme risquée, voit paradoxalement son niveau de rejet diminuer de dix points.

Parallèlement, les craintes de nouvelles barrières douanières explosent : 53 % des dirigeants redoutent leur multiplication dans les cinq prochaines années (+21 points), et 51 % s’affirment favorables à une riposte européenne équivalente face aux initiatives américaines.

L’instabilité politique française participe aussi à la perte de visibilité : 45 % des dirigeants estiment qu’elle affecte négativement leur stratégie internationale, dont 10 % de manière marquée. Pour nombre de PME, cette conjonction d’incertitudes externes et internes redéfinit profondément la manière d’envisager l’export.

Les leviers privilégiés et les mesures attendues

Les dirigeants identifient clairement les actions prioritaires pour sécuriser ou relancer leur croissance internationale. Le M&A s’impose comme un levier central : 20 % des entreprises ont acquis une société étrangère cette année, soit une progression de +7 points, un record en cinq ans.

Le nearshoring se généralise : 32 % des entreprises exportatrices ont déjà rapproché leur production ou leurs approvisionnements, et 38 % l’ont fait ou prévoient de le faire, qu’il s’agisse de réduire les coûts logistiques, d’éviter les ruptures ou de s’adapter à un contexte géopolitique instable.

L’intelligence artificielle se diffuse rapidement :

  • 35 % des dirigeants l’utilisent pour la traduction,
  • 28 % pour la cybersécurité,
  • 24 % pour l’analyse de tendances
  • et 23 % pour la veille concurrentielle ; ses usages opérationnels – automatisation administrative, prospection, service client – progressent également autour de 20 %.

Dans ce paysage mouvant, 2025 marque une rupture nette mais pas un renoncement. Les PME n’abandonnent pas l’international : elles le redessinent.

Entre repli tactique, recentrage européen, montée du M&A, ancrage du nearshoring et diffusion rapide de l’IA, elles recomposent leurs stratégies face à un environnement plus fragmenté. L’internationalisation ne disparaît pas : elle devient plus sélective, plus calculée, plus technologique. Et, paradoxalement, peut-être plus résiliente pour celles qui sauront en réinventer les codes.

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