Fonds Avenir Industrie : 50 millions d’euros pour soutenir PME et ETI industrielles
Fonds Avenir Industrie en Auvergne-Rhône-Alpes : 13 entreprises financées dans deeptech et énergie
Le fonds Avenir Industrie, géré par UI Investissement, combine expertise et réseau régional pour détecter et accompagner les projets industriels crédibles.
Lorsque la Région Auvergne-Rhône-Alpes a lancé Avenir Industrie fin 2023, l’initiative est passée relativement inaperçue. Un fonds régional de 50 millions d’euros — 25 millions apportés par la Région, 25 millions par le FEDER — ne semblait pas, sur le papier, de nature à bousculer l’écosystème du capital-investissement.
Deux ans plus tard pourtant, ce véhicule financier attire l’attention pour une raison simple : il intervient là où beaucoup d’entreprises industrielles peinent encore à trouver un soutien, à un moment décisif où un prototype doit devenir un produit, une ligne pilote une production réelle.
Entre la recherche et la commercialisation, il existe un trou de financement que personne n’aime combler. C’est précisément là que ce fonds régional s’est positionné.
Créé par la Région et confié dès l’origine à UI Investissement pour sa gestion, Avenir Industrie a adopté une logique que peu d’acteurs publics osent : investir en fonds propres et quasi-fonds propres dans des entreprises industrielles en phase de bascule.
Deux ans plus tard, le dispositif affiche 13 entreprises financées, 6,2 millions d’euros investis, et 13 partenaires privés associés aux tours de table.
Le ticket d’investissement peut atteindre 1 million d’euros, mais le ticket moyen s’élève autour de 500 000 euros. « Pour un euro investi par le fonds, l’investissement total est multiplié par dix », souligne Laurent Fiard, président d’Auvergne-Rhône-Alpes Investissement.
Dans un environnement où les cycles industriels sont longs, la sélection est volontairement étroite, mais elle dit beaucoup de la direction prise par le territoire.
Le portefeuille réunit des acteurs de la deeptech, de la santé, de l’énergie ou de l’industrie du bois :
- Diamfab pour le semi-conducteur diamant,
- Cilkoa et ses emballages recyclables,
- MagREEsource dans les aimants permanents recyclés,
- Axoltis Pharma (SLA),
- Brenus Pharma (vaccin anticancer), D
- Dillico sur l’ARN messager,, ou encore
- Atawey pour les stations hydrogène, et
- Neotrucks pour les tracteurs électriques, ou encore
- Optimistik et sa plateforme SaaS dédiée à l’industrie.
S’y ajoutent des entreprises en capital-développement comme
- Rutile,
- Ultrawatt ou
- PRS Healthcare, ou
- Wood by D.
Un ensemble éclectique, mais cohérent : des technologies lourdes, intensives en capital, souvent invisibles du grand public mais essentielles à la souveraineté industrielle.
Dans les prochains mois, six opérations supplémentaires doivent être finalisées : quatre en capital-innovation, visant les technologies émergentes, et deux en capital-développement, pour soutenir des PME et ETI en expansion. Le portefeuille du fonds atteindra ainsi 19 entreprises, consolidant son rôle comme levier régional dans la construction de capacités productives nouvelles.
« Le fonds préserve des capacités pour réinvestir dans certaines entreprises. Cette poche représente environ 16 millions d’euros.
Sur plusieurs tours de table, la Région pourrait ainsi monter son investissement jusqu’à 5 millions d’euros pour des projets stratégiques », indique dans sa présentation Sébastien Touvron, qui souligne qu’Avenir Industrie est ouvert aux entreprises de tous les secteurs d’activités, à l’exception du nucléaire et de l’armement.

Cette approche permet déjà à des entreprises comme Rutile.bike de passer à l’échelle :
« Ces fonds vont nous permettre de passer à l’échelle notre activité de reconditionnement de vélos électriques pour rendre la mobilité douce encore plus accessible et circulaire ! », souligne sur linkedin Thibaud Thomé, CEO Rutile.bike – Vélos électriques reconditionnés.
Avenir Industrie Auvergne-Rhône-Alpes : un fonds positionné dans la zone où le marché ne va pas
L’une des spécificités du dispositif est de se placer à l’intersection exacte où les investisseurs privés se retirent. Les banques attendent des bilans, les fonds généralistes veulent de la traction, et les dispositifs publics ne sont pas conçus pour financer une ligne pilote ou une première série industrielle.
Ce vide est connu de tous les dirigeants industriels ; il est rarement comblé. Avenir Industrie tente de capturer cette zone grise en y injectant du capital patient.
Lors de la conférence de presse le lundi 24 novembre dernier, Stéphanie Pernod, vice-présidente de la Région en charge de l’économie, de la relocalisation, du numérique et de la préférence régionale, décrit le fonds comme un outil pour “accompagner la transformation du tissu économique” et “accélérer la transition écologique”.
Sur le terrain, cela signifie que des entreprises capables de produire localement ne renoncent pas faute de financement ou ne doivent pas chercher leurs premiers investisseurs à l’étranger.
Le fait que la gestion soit assurée par UI Investissement apporte une dimension essentielle. La société gère plus de 1,7 milliard d’euros d’actifs, accompagne plus de 300 dirigeants, et compte plus de 80 collaborateurs dans une dizaine de villes — de Lyon à Rennes, en passant par Clermont-Ferrand, Dijon, Besançon ou Strasbourg.
Ce réseau régional dense, rare dans le paysage du capital-investissement français, constitue un atout pour la détection et l’accompagnement de projets industriels crédibles.
Ce fonds s’inscrit également dans un cadre européen plus large. L’Auvergne-Rhône-Alpes est l’autorité de gestion du FEDER, dont près de 260 millions d’euros sont consacrés à la recherche, l’innovation et la compétitivité sur 2021–2027. Avenir Industrie en est l’une des traductions les plus visibles, convertissant des fonds européens en investissements directs dans la production.
Les dirigeants qui ont obtenu un financement décrivent souvent la même réalité : sans un outil capable de se positionner à un moment où les risques restent élevés, plusieurs innovations seraient restées à l’état de prototype ou n’auraient pu produire en France.
Le dispositif n’a pas la prétention de remplacer les grands plans nationaux ; il vise simplement à faire ce que personne ne fait, mais que tout le monde juge nécessaire.
À l’heure où la réindustrialisation française peine encore à passer du discours à la pratique, l’expérience auvergnate montre une voie possible : celle de fonds territoriaux capables d’assumer du risque industriel, mais pilotés par des professionnels de l’investissement. Un modèle que plusieurs régions observent déjà.











