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JO 2030 : 1 500 appels d’offres pour dynamiser le tissu économique local

Les JO 2030 dans les Alpes françaises misent sur les PME, la durabilité et la création d’un héritage économique à long terme. Décryptage

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Alpes 2030 : les Jeux d’hiver, moteur de relance pour les entreprises régionales
Alpes 2030 : les Jeux d’hiver, moteur de relance pour les entreprises régionales

JO 2030 : les Alpes françaises veulent transformer la flamme olympique en moteur économique

JO 2030 : comment les PME locales vont profiter des marchés olympiques

L’économie alpine s’unit pour réussir les Jeux 2030, entre innovation, emploi local, écoconstruction et mobilisation collective sans précédent.

Les Alpes s’apprêtent à revivre l’esprit d’Albertville. Près de quarante ans après les Jeux d’hiver de 1992, la flamme olympique s’invitera à nouveau dans les montagnes françaises en 2030.

Mais cette fois, l’enjeu dépasse largement le sport : il s’agit de démontrer qu’un grand événement mondial peut devenir un levier de croissance régionale, de modernisation écologique et de fierté collective.

Le 9 octobre, à Lyon, la Région Auvergne-Rhône-Alpes a rassemblé tout l’écosystème du futur rendez-vous planétaire lors d’une soirée baptisée « Faites vos Jeux ». Sous les anneaux de Paris 2024, élus, chefs d’entreprises, athlètes, représentants du CIO et acteurs institutionnels se sont retrouvés autour d’un même mot d’ordre : faire des Jeux 2030 un tremplin pour tout un territoire. Le président du comité d’organisation, Edgar Grospiron, a donné le ton :

Edgar Grospiron, Président COJOP Alpes Françaises 2030 | Champion Olympique de ski de bosses-© Charles Pietri
Edgar Grospiron, Président COJOP Alpes Françaises 2030 | Champion Olympique de ski de bosses-© Charles Pietri

« Ces Jeux doivent être à la fois sobres, innovants et exemplaires. Nous avons quatre ans pour prouver que la montagne française sait conjuguer ambition et responsabilité. »

L’économie régionale est au cœur du projet. Les chiffres donnent la mesure du défi : 1,3 milliard d’euros d’investissements publics et privés, plus de 1 500 marchés publics à lancer d’ici 2029, et des retombées économiques estimées à près de 3 milliards d’euros pour les entreprises locales.

Derrière ces montants, c’est une véritable recomposition industrielle et territoriale que les régions hôtes — Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur — espèrent amorcer.

La SOLIDEO Alpes françaises 2030, dirigée par Damien Robert, pilotera les ouvrages pérennes :

  • rénovation des sites d’Albertville 1992,
  • création de quatre villages olympiques
  • et modernisation des accès aux stations.

Le mot d’ordre est clair : réutiliser plutôt que construire, relier plutôt que bétonner.

« Nous ne partons pas de zéro. Nous voulons capitaliser sur un patrimoine existant exceptionnel et inscrire chaque ouvrage dans une logique durable », souligne Damien Robert.

Les chantiers, concentrés sur la Savoie, la Haute-Savoie et les Alpes du Sud, débuteront en 2026 et s’étaleront sur trois ans.

Pour le tissu entrepreneurial, les Jeux représentent une opportunité sans équivalent. Les organisateurs s’inspirent du précédent parisien : à Paris 2024, 80 % des marchés ont été remportés par des PME ou des TPE, preuve qu’un grand événement peut irriguer un tissu économique local dense.

« C’est faisable ici aussi, à condition de se préparer », avertit Cyril Linette, directeur général du COJOP. Il incite les entreprises à se fédérer pour peser dans la commande publique.

Dans cette perspective, les chambres consulaires et les organisations patronales s’organisent : une plateforme “CCI Business JO 2030” permettra de repérer les appels d’offres, tandis que l’Agence Auvergne-Rhône-Alpes Entreprises accompagnera les PME dans la constitution de groupements, la réponse aux marchés et la formation des salariés.

Le mot « fédération » revient souvent.

Philippe Guerand, Jean-Luc RAUNICHER
Philippe Guerand, Jean-Luc RAUNICHER

« Il faut apprendre à chasser en meute », a résumé Jean-Luc Raunicher, président du MEDEF régional, en appelant les petites entreprises à s’allier pour affronter la complexité administrative.

Les artisans et les filières locales — du bois à la construction, en passant par l’agroalimentaire et la logistique — sont encouragés à se positionner. Philippe Guerand, président de la CCI régionale, en est convaincu :

Philippe Guerand- © Charles Pietri
Philippe Guerand- © Charles Pietri

« Nous avons ici la première région industrielle de France hors Île-de-France. Les ressources, les savoir-faire, les talents sont déjà là. À nous de les organiser. »

Mais au-delà de la dimension économique, les organisateurs entendent faire des Jeux 2030 un laboratoire social et écologique. La promesse : les premiers Jeux d’hiver décarbonés. Les constructions privilégieront les matériaux biosourcés, les énergies renouvelables et les circuits courts. Les villages olympiques seront conçus pour devenir, après 2030, des logements pour les habitants et les saisonniers.

Le modèle de la SOLIDEO Paris 2024, qui a réduit de moitié l’empreinte carbone de ses chantiers, servira de référence.La dimension sociale n’est pas oubliée : 10 % des heures travaillées seront réservées à des personnes éloignées de l’emploi. Les CFA et lycées professionnels seront mobilisés pour former la nouvelle génération de métiers liés à la construction, à l’hôtellerie et à l’accueil touristique.

« Les Jeux doivent être une école autant qu’un chantier », résume Edgar Grospiron.

Le lien entre sport et économie s’incarne aussi dans les trajectoires individuelles. Sur scène, la jeune championne de handiski Léna Darmon, 15 ans, a ému l’auditoire :

Léna Darmon, Championne de France 2025 de Géant, Super géant et Combiné Skieuse Fauteuil chez CHAMROUSSE SKI CLUB
Léna Darmon, Championne de France 2025 de Géant, Super géant et Combiné Skieuse Fauteuil chez CHAMROUSSE SKI CLUB

« Avoir les Jeux paralympiques à la maison, c’est un rêve. Nous voulons montrer que la performance n’a pas de limite. »

À ses côtés, les dirigeants de stations, les maires de Savoie et les entrepreneurs de la montagne ont rappelé l’héritage d’Albertville 1992 : des infrastructures encore utiles, un savoir-faire d’accueil reconnu et une culture de l’événement sportif solidement ancrée.

Au fil des interventions, un même message s’est imposé : les Jeux de 2030 ne sont pas une parenthèse, mais une stratégie. Une stratégie de relance économique, de cohésion territoriale et d’attractivité internationale.

Le président de région Fabrice Pannekoucke en a donné la synthèse :

Fabrice Pannekoucke, président régional par vocation
Fabrice Pannekoucke, président régional par vocation

« Ces Jeux doivent être le moteur d’une transformation. Nous voulons prouver qu’il est possible d’allier croissance et écologie, performance et ancrage local. »

Dans un contexte économique tendu, le projet olympique agit déjà comme un antidote au pessimisme ambiant. Il redonne aux entreprises une perspective, aux territoires un horizon, et à la montagne une vocation moderne.

Les Alpes s’apprêtent à redevenir un laboratoire de la France qui construit, innove et se rassemble. À cinq ans de l’événement, la flamme n’est pas encore allumée, mais la dynamique, elle, brûle déjà.

Économie alpine : les JO 2030, levier d’innovation et d’emploi pour la montagne française
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À l’horizon 2030, les Jeux d’hiver français ambitionnent d’allier excellence sportive, durabilité et dynamisme économique pour les Alpes
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