Tribune de Delphine Margot
On n’a jamais autant demandé aux dirigeants de parler. Et on n’a jamais autant entendu… la même chose.
Des discours impeccables, des posts bien ficelés, des présentations “inspirantes” — mais souvent, tout sonne un peu creux.
Pourquoi ? Parce qu’à trop vouloir maîtriser, on finit par oublier d’incarner. À force de vouloir bien faire, on finit par tous se ressembler.
L’IA n’est pas la cause. Elle est un révélateur. Elle amplifie une tendance déjà présente : celle d’une cmmunication sans aspérités, sans contradictions, sans grain de voix.
Une communication qui rassure mais qui n’engage plus.
Une parole qui informe mais ne transforme plus.
Ce n’est pas la perfection qui crée l’impact. C’est la justesse.
Je pense à ce dirigeant que j’ai interviewé sur scène.
Un profil brillant, inspirant. Pendant 25 minutes, il déroule un discours corporate bien rodé. Rien à dire, tout est “propre”.
Et pourtant… rien ne se passe dans la salle.
Puis il lâche le script. Il évoque un échec et une décision difficile. Il donne un peu de lui. Et là, enfin, on écoute.
Ce n’était plus un discours. C’était une transmission.
Et c’est à ce moment-là que les gens retiennent.
Parce qu’on ne se connecte pas à une posture. On se connecte à un être humain.
Prendre la parole aujourd’hui, c’est refuser l’uniformisation
Ce n’est pas une question d’ego ou de storytelling bien ficelé.
C’est une question de cohérence, de confiance, d’alignement stratégique.
Ce que les collaborateurs, les clients, les investisseurs attendent aujourd’hui, ce n’est pas un dirigeant parfait.
C’est un dirigeant qui pense ce qu’il dit, et qui dit ce qu’il pense.
Dans un monde où les messages sont fabriqués à la chaîne, la voix la plus rare — donc la plus précieuse — est celle qui ose être singulière.
Rester soi-même n’est pas un luxe. C’est une exigence.
Parce qu’une voix trop parfaite ne dit plus rien.
Parce qu’un personal branding sans personnalité, c’est juste du bruit.
Parce que ce qui crée la confiance, c’est ce qu’on ose livrer — pas ce qu’on cherche à lisser.
Alors je vous lance un défi.
Au prochain discours, post ou prise de parole : laissez tomber une phrase toute faite. Et glissez-y une vérité. Une faille. Un vrai point de vue.
Ce ne sera peut-être pas parfait.
Mais ce sera vous.
Et c’est ça qu’on écoute.








