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À l’hôtel Oceania Lyon, la Compagnie En Flammes fait briller la poésie, le feu et la féminité

La Compagnie En Flammes magnifie le feu comme art et langage du féminin avec Femmes, un spectacle à la fois brut et raffiné, présenté lors de l’inauguration de l’Hôtel Oceania. Reportage

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la Compagnie En Flammes envoûte les invités de l’hôtel Oceania Lyon
la Compagnie En Flammes envoûte les invités de l’hôtel Oceania Lyon

Émotion et maîtrise : la Compagnie En Flammes, un bijou du spectacle vivant français

Femmes de feu : la grâce brûlante de la Compagnie En Flammes

Quand la flamme devient langage, la nuit se fait poésie. Le spectacle “Femmes” transcende la matière et réinvente le féminin à travers la danse, le feu et la lumière. Le 6 novembre dernier, à Lyon, la compagnie En Flammes a embrasé l’inauguration de l’hôtel Oceania.

Le feu s’élève dans la nuit comme une respiration. Lentement, il grandit, se tord, danse. Autour, des femmes. Leurs gestes sont lents, précis, souverains. Leurs visages, éclairés par les flammes, oscillent entre douceur et détermination.

Le vent du soir accroche les mèches de lumière, et le silence se fait. La foule regarde. Personne ne parle. Dans ce cercle incandescent, quelque chose se joue, qui dépasse la performance : une manière d’être au monde.

Elles sont la compagnie En Flammes, et leur spectacle s’appelle Femmes. Quarante minutes d’une œuvre à la croisée du conte et de la performance, un poème de chair et de feu qui dit la force, la vulnérabilité, la complexité du féminin.

Rien n’y est raconté, tout y est vécu. Les flammes deviennent langage, les corps deviennent récit. À travers la danse, la lumière et la chaleur, se déploie un dialogue silencieux entre la puissance et la tendresse.

Compagnie En Flammes à l'inauguration de l'hôtel Oceania Lyon
Compagnie En Flammes

Sur la scène — ou plutôt dans l’espace ouvert d’une place, d’une cour, d’un parvis —, une marionnette de bois apparaît. Frêle, légère, presque humaine. Elle est le cœur battant du spectacle, l’alter ego fragile que les danseuses portent, guident, défient. À travers elle, c’est toute une symbolique qui s’incarne : la femme-monde, tour à tour mère, amante, guerrière, enfant. Cette marionnette, c’est la mémoire du féminin, sa douceur et sa résistance. Autour d’elle, les flammes dansent comme des esprits anciens.

Le feu, ici, n’est pas un simple accessoire. Il est le partenaire, le risque, l’épreuve. Il exige la maîtrise absolue du geste, la rigueur du souffle, la confiance en soi et en l’autre. Les artistes d’En Flammes le connaissent par cœur : elles sont formées à la sécurité incendie, autonomes en son et lumière, capables d’installer leur scène en deux heures et de la désinstaller en une.

Compagnie En Flammes à l'inauguration de l'hôtel Oceania Lyon
Compagnie En Flammes à l’inauguration de l’hôtel Oceania Lyon

Il leur faut un espace scénique de huit mètres sur huit, un sol plat et non inflammable — béton, gravier ou sable, mais jamais pelouse, surtout en hiver. Deux prises électriques doivent se trouver à moins de dix mètres, et l’éclairage environnant doit, si possible, s’éteindre : pour que la flamme parle seule.

Leur rigueur est à la hauteur du danger qu’elles défient. Les costumes, tissés dans des matières ignifugées, résistent à la chaleur. Les artistes utilisent un pétrole désaromatisé, quasi inodore, pour nourrir leurs torches — une matière choisie pour la qualité de sa flamme et la sécurité du public.

Chaque détail compte : les extincteurs, les serviettes humides, les barrières qui délimitent l’espace. Même l’intendance relève du rituel : un repas chaud par artiste, quelques bouteilles d’eau, un café avant la scène — de quoi tenir face au froid, à la nuit, à l’intensité du feu.

Deux artistes ont subjugué Lyon lors de l’inauguration de l’hôtel Oceania, avec Femmes, le spectacle signature de la Compagnie En Flammes
Deux artistes ont subjugué Lyon lors de l’inauguration de l’hôtel Oceania, avec Femmes, le spectacle signature de la Compagnie En Flammes

Le jeudi 6 novembre, la compagnie En Flammes a offert deux prestations spectaculaires dans le jardin-terrasse de 300 m² de l’hôtel Oceania Lyon, lors de son inauguration. Ce soir-là, la version du spectacle réunissait deux danseuses, qui ont littéralement subjugué le public. Sous le ciel froid de novembre, la flamme a dansé entre les murs élégants du nouvel établissement, métamorphosant l’espace en scène poétique.

Les invités, d’abord curieux, se sont vite laissés happer par la beauté du geste : les conversations se sont tues, les téléphones se sont abaissés, et les applaudissements ont éclaté — longs, sincères, presque émus. Beaucoup ont parlé d’un moment suspendu, d’une parenthèse de grâce.

Morgane Planté, chorégraphe et directrice artistique de la compagnie, parle de son spectacle avec la gravité tranquille de celles qui savent d’où elles viennent.

« Je voulais rendre hommage aux femmes avec légèreté, parce qu’elles m’inspirent au quotidien », confie-t-elle. Légèreté, oui, mais brûlante.

Car Femmes n’est pas un simple hommage : c’est une réappropriation. Une manière de dire que la féminité n’est pas faiblesse mais tension, équilibre, audace.Longtemps, la manipulation du feu fut un art d’hommes. Femmes inverse la perspective : ici, plusieurs femmes — parfois trois sur scène, parfois davantage selon les représentations — manient les torches, les éventails, les mèches enflammées.

Elles affrontent l’élément sans détour, le domptent en douceur. Le feu devient leur langage commun, une métaphore incandescente de ce qu’elles incarnent : la force de se tenir debout, la capacité d’éclairer sans consumer.

Autour de Morgane Planté, la compagnie réunit Angeline Olympieff, Elsa Pessey, Juliette Brulin et Laura Lalou — danseuses contemporaines et performeuses feu — ainsi que Julie Fonseca, chargée de production.

Six femmes, unies par une même exigence : mêler l’art, la technique et l’émotion dans un souffle unique. Ensemble, elles tissent un univers singulier, où la danse rencontre la flamme et la marionnette dans une esthétique à la fois brute et poétique.

Compagnie En Flammes
Compagnie En Flammes

Léconomie du spectacle vivant, aujourd’hui, repose souvent sur des équilibres précaires. En Flammes, comme tant d’autres compagnies indépendantes, vit de passion et de résilience. Elles conçoivent, produisent, diffusent leurs créations, gèrent la technique et la logistique, négocient les dates, transportent le matériel, assurent la sécurité.

Loin des grandes scènes subventionnées, elles réinventent une forme d’entrepreneuriat artistique : léger, souple, profondément humain. Dans un monde où la culture se financiarise, elles rappellent qu’on peut encore créer avec les mains, avec le souffle, avec la flamme.

Et quand le feu s’éteint, il reste ce silence dense, presque religieux. Les spectateurs ne savent pas s’ils doivent applaudir ou simplement rester là, immobiles, comme après un rêve.

Sur le sol, il y a encore des traces noires de suie, des reflets d’étincelles. Dans les yeux, une lumière persistante.Femmes ne raconte pas une histoire ; il réveille une mémoire. Celle d’un feu ancestral, d’une beauté indocile, d’une force qu’on croyait éteinte.

Et l’on se dit, en quittant la scène, que peut-être, dans un monde saturé d’écrans et d’algorithmes, il suffit de quelques femmes et d’un peu de feu pour nous rappeler ce que signifie être vivant.

contact Compagnie En Flammes
contact Compagnie En Flammes

Infos spectacle : “Femmes” – Compagnie En Flammes

Durée : 40 minutesEspace scénique : 8 m x 8 m minimumSol : plat et non inflammable (béton, gravier ou sable, pelouse à éviter)

Autonomie : son et lumière intégrés

Équipe : Morgane Planté (direction artistique, chorégraphie), Angeline Olympieff, Elsa Pessey, Juliette Brulin, Laura Lalou (danseuses et performeuses feu), Julie Fonseca (production)

Sécurité : artistes formées à la sécurité incendie, costumes ignifugés, utilisation de pétrole désaromatisé

Contact : contact@compagnieenflammes.com — Instagram : @CIE_EN_FLAMMES

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