
Michael Mann, lauréat du Prix Lumière 2025 : retour sur une carrière légendaire
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Prix Lumière 2025 : Michael Mann succède à Isabelle Huppert au festival de Lyon
Cinéaste audacieux et stylisé, Michael Mann recevra le Prix Lumière 2025, distinction majeure célébrant une carrière marquante du cinéma international.
Il filme des visages solitaires dans des villes qui ne dorment jamais. Il capte le silence tendu avant l’explosion, la précision d’un geste, la beauté d’un plan. Michael Mann n’a jamais fait de cinéma pour suivre les règles – il les a redéfinies.
En octobre prochain, à Lyon, le Festival Lumière lui rendra hommage en lui décernant le Prix Lumière 2025, consacrant plus de quarante ans d’une œuvre aussi tendue que lumineuse.
Né à Chicago, formé à Londres, Michael Mann incarne cette rare alliance entre rigueur intellectuelle et sens du spectacle. Dès ses débuts à la télévision, il imprime sa marque : un réalisme nerveux, une mise en scène ciselée, des personnages hantés. The Jericho Mile pose les bases, Le Solitaire les confirme. Mais c’est dans les années 1990 qu’il entre dans la légende.
Le Dernier des Mohicans : une fresque historique portée par l’intensité physique de Daniel Day-Lewis. Heat : une tragédie urbaine où Pacino et De Niro s’observent comme deux bêtes sauvages de la même espèce. Révélations : un thriller politique d’une rare lucidité sur les liens entre médias et industrie. Trois films, trois sommets. Et un style : épuré, tendu, ultra-maîtrisé.
Ce n’est pas un hasard si les plus grands acteurs se pressent devant sa caméra. De Russell Crowe à Natalie Portman, de Jamie Foxx à Tom Cruise, tous trouvent chez lui un espace de jeu rare, exigeant, parfois brutal, mais toujours profondément cinématographique. Mann ne filme pas seulement des histoires – il filme des états d’âme, des trajectoires, des chutes.
Il aime les figures masculines abîmées, les luttes intérieures, les loyautés ambigües. Il est aussi un technicien hors pair. Qu’il filme en pellicule ou en numérique, en plein jour ou dans la moiteur nocturne de Los Angeles, son regard est précis, presque clinique. Collatéral en est un exemple parfait : un tueur à gages, un chauffeur de taxi, une ville comme labyrinthe – et la nuit comme décor principal.
Récemment, il a signé Ferrari, biopic racé mené par Adam Driver. Il a aussi renoué avec la télévision à travers Tokyo Vice, série tendue au cordeau. À 81 ans, il prépare Heat 2, adaptation de son roman coécrit avec Meg Gardiner, prolongement tant attendu de son chef-d’œuvre de 1995. Preuve que l’homme n’a rien perdu de sa détermination ni de son acuité.
En 2017, il était déjà passé par Lyon, pour une projection de Heat présentée par Guillermo del Toro. Il avait alors déclaré : « Pure cinema. And a great time. » Sept ans plus tard, il y revient, non plus comme invité, mais comme légende célébrée.
Le Prix Lumière n’est pas une récompense comme les autres. Il s’adresse à ceux qui ont façonné l’histoire du cinéma, non par les chiffres, mais par l’empreinte. Michael Mann en fait partie. Il filme la solitude comme personne, les codes d’honneur, les regards échappés.
Il donne une forme à l’insaisissable.En lui remettant ce prix, le Festival Lumière salue une œuvre à la fois brillante, radicale et profondément humaine. Le cinéma de Michael Mann, c’est du verre poli à la flamme. Froid et brûlant. Dense et limpide. Inoubliable.







