Chat3D : la création 3D devient accessible à tous grâce à l’IA
Chat3D, la DeepTech lyonnaise qui transforme du texte en modèles 3D
La start-up française Chat3D, soutenue par Mesh Ventures et Campus Fund, lève 3 millions d’euros pour déployer son IA de modélisation 3D.
Tout a commencé par une ligne de texte. Une phrase tapée sur un clavier, une intuition jetée dans le vide. Quelques secondes plus tard, sur l’écran, un volume est apparu. Un objet 3D né de rien — ou presque. Félix Balmonet et Glenn Avezoux se sont regardés : ils venaient, sans le savoir encore, d’ouvrir une porte sur l’un des territoires les plus complexes de la création numérique.
C’était à Lyon, en 2023. Le duo venait de poser les premières bases de Chat3D, une technologie d’intelligence artificielle capable de transformer une simple description en un modèle 3D complet.

“C’était rugueux sur les bords”, se souvient Félix Balmonet.
Mais quand ce premier élément est apparu, ils ont su qu’ils tenaient quelque chose. Conçue au départ pour répondre aux exigences des professionnels du jeu vidéo, de l’animation et de l’industrie — des secteurs qui demandent robustesse, précision et formats exploitables — la technologie a prouvé sa fiabilité avant de s’ouvrir au grand public.

Deux ans plus tard, la jeune pousse a levé 3 millions d’euros auprès d’investisseurs comme Mesh Ventures, Campus Fund, Savoie Mont Blanc Angels et Saint-Étienne Business Angels 42. Ce tour de table a permis de financer la R&D et l’extension des équipes, et d’accélérer le lancement d’une version grand public.
En octobre 2025, Chat3D a dévoilé sa version 2.0 et, surtout, le premier outil gratuit en Europe de génération d’images et d’objets 3D, accessible à tous via une interface repensée pour être intuitive et conviviale.

L’objet généré par l’IA n’est pas une image statique : il est exportable et personnalisable. Il suffit d’un simple prompt — en n’importe quelle langue — ou d’une image, voire d’un croquis, pour donner naissance à un objet 3D complet.
Les modèles peuvent ensuite être téléchargés, imprimés en 3D, ou intégrés dans des environnements numériques :
- jeux vidéo,
- applications de réalité augmentée,
- prototypes industriels ou
- projets artistiques.
Cette fluidité, inédite à cette échelle, place Chat3D à la croisée du monde de la création et de la production, entre l’intuition et la matière.
L’ouverture au grand public ne signifie pas l’abandon des professionnels. Le modèle économique de Chat3D reste freemium : un plan gratuit pour que chacun puisse expérimenter, et des forfaits premium pour les utilisateurs aux besoins avancés — rendus haute fidélité, intégrations sur mesure, volumes d’utilisation élevés ou déploiements industriels.
C’est une architecture qui vise à favoriser l’adoption tout en assurant la viabilité et le support des usages professionnels.
Au-delà de l’offre commerciale, Chat3D revendique une identité européenne forte. L’ensemble de l’infrastructure est hébergé en Europe et développé dans le respect du RGPD ; les jeux de données employés pour entraîner les modèles sont sélectionnés et documentés.
Labellisée DeepTech et reconnue JEI (Jeune Entreprise Innovante), la start-up affiche une crédibilité technique et un ancrage institutionnel qui comptent, surtout dans un contexte où la souveraineté numérique devient un enjeu stratégique.
Il y a, dans le récit de ces fondateurs, une part de voyage et d’obstination : longues nuits, itérations incessantes, hôtels pas chers et la foi tenace que la modélisation 3D devait redevenir aussi naturelle que le geste du crayon.

“La création 3D devait être aussi intuitive et accessible que l’esquisse sur papier”, écrit Félix Balmonet.
Cette ambition nourrit une démarche pragmatique : rendre l’outil si simple qu’il se fasse oublier, tout en conservant la robustesse nécessaire aux usages professionnels.
La portée culturelle de cette technologie est importante. La 3D cesse d’être un domaine d’experts pour devenir un langage universel. Étudiants, enseignants, designers, architectes, makers ou simples curieux peuvent désormais donner forme à leurs idées sans passer par une courbe d’apprentissage abrupte.
Dans les écoles d’art et les ateliers, l’outil promet d’accélérer la pédagogie ; dans l’industrie, il autorise des itérations de prototypage plus rapides ; dans le jeu et l’animation, il fluidifie la conception visuelle.

Il y a quelque chose de profondément poétique dans cette ambition : permettre à chacun de donner corps à ses pensées, de faire exister ses images intérieures. Dans un monde saturé d’images plates et éphémères, Chat3D fait le pari du relief et du concret. L’IA, ici, n’enlève rien à la main : elle augmente la possibilité de créer.
Deux ans après sa fondation, labellisée et soutenue par des investisseurs, la start-up lyonnaise incarne une France — et une Europe — qui invente une voie singulière dans l’IA : technique, éthique et tournée vers les créateurs. “L’aventure ne fait que commencer”, écrit Félix Balmonet.
À la manière d’un traitement de texte qui a libéré l’écriture, Chat3D pourrait bien libérer la forme — et avec elle, une nouvelle génération de récits, d’objets et d’espaces.








