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Marc Simoncini : « À 62 ans, j’ai tenté un dernier service. Il a pris le filet » -Portrait

"À l’image de Nadal et de sa Coupe Davis, mon parcours entrepreneurial a connu un démarrage manqué à 22 ans et une fin inattendue à 62 ans", a confié Marc Simoncini, fondateur de Meetic, aux entrepreneurs du Chinese Business Club.

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Marc Simoncini, fondateur de Meetic
Marc Simoncini, fondateur de Meetic

Marc Simoncini, l’entrepreneur qui n’a jamais lâché le guidon - Portrait

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Marc Simoncini, fondateur de Meetic, explique qu’une passion n’est pas forcément faite pour être convertie en business

De Marseille aux sommets de l’entrepreneuriat français, le parcours de Marc Simoncini ne ressemble à aucune success story ordinaire. Il est fait de détours, d’intuitions fulgurantes, d’échecs transformés en leviers et d’une insatiable curiosité pour comprendre le monde plutôt que pour le conquérir. Récit d’une trajectoire où chaque chute devient une marche vers l’étape suivante.

En tant qu’invité d’honneur du Chinese Business Club, il a révélé avec humilité, devant un public d’entrepreneurs, les aspects moins visibles de son parcours, souvent perçu comme brillant de l’extérieur.

Marc Simoncini, Partner at daphni & founder at Angell Bike, investisseur à «Qui veut être mon associé»
Marc Simoncini, Partner at daphni & founder at Angell Bike, investisseur à «Qui veut être mon associé»

Tout commence loin des couloirs feutrés des écoles de commerce et des incubateurs d’innovation. Enfant de Marseille, né en 1963, Marc Simoncini n’a jamais eu la trajectoire qu’on attendait de lui. Là où son père, mathématicien, son frère et sa sœur affichaient des parcours rectilignes, lui s’égarait, loin des rangs des premiers de la classe.

« Poète », disait son père en guise de présentation, quand il ne trouvait pas d’autre mot pour qualifier ce fils rêveur, plus enclin à lire Lamartine qu’à résoudre des équations.

Marc Simoncini, investisseur « Qui veut être mon associé »
Marc Simoncini, investisseur « Qui veut être mon associé »

« L’école, franchement, c’était pas pour moi. J’étais bon dernier dans presque toutes les matières — sauf celles qui m’inspiraient un peu. Mon père, lui, quand il présentait ses enfants, il avait sa petite formule :

 “Daniel est ingénieur, Isabelle a un MBA en finance… et Marc…” Là, il marquait une pause, un peu gêné, comme s’il cherchait un mot acceptable. Puis il finissait par dire : “Marc, lui… c’est un poète.”

L’école n’était pas son terrain. Et la vie, très vite, s’en est chargée. Poussé vers l’indépendance sitôt le bac en poche, Simoncini découvre le monde du travail sans filtre, à travers des jobs manuels, des stations de ski américaines aux chantiers de construction français. Une période d’errance, formatrice, rude, mais qui forge le regard qu’il portera toute sa vie sur le travail : apprendre en faisant, comprendre en vivant.

Le vrai virage survient lorsqu’il se décide, presque par nécessité, à reprendre ses études dans l’informatique. Diplômé de SUPINFO (anciennement École supérieure d’informatique de Montreuil), il ne tarde pas à passer du statut de salarié à celui d’entrepreneur.

La bascule est brutale, presque accidentelle. Un match de tennis manqué, un verre partagé avec le père d’un ami, et une conversation anodine qui tourne court : « Qu’est-ce que tu fais ? » demande l’homme.

Par réflexe ou par bravade, Marc Simoncini répond : « Je monte une boîte. » À sa grande surprise, son interlocuteur lui propose d’investir. Sans le savoir, il vient de s’engager dans son premier projet entrepreneurial.

Marc Simoncini, Partenaire en capital-risque chez daphni et fondateur d'Angell Bike
Marc Simoncini, Partenaire en capital-risque chez daphni et fondateur d’Angell Bike

Sa première entreprise, Communication Télénatique Bourgogne, ne porte pas encore la marque des grands empires du numérique, mais elle est révélatrice de ce qui deviendra sa signature : repérer avant les autres des usages sociaux derrière des outils techniques.

En développant un jeu d’échecs pour le Minitel, il découvre par hasard la force de l’échange humain. Une simple ligne de texte ajoutée pour permettre aux joueurs de discuter suffit à détourner complètement l’usage de la plateforme : les parties cessent, les conversations s’emballent.

Le Minitel n’était plus un simple réseau, mais un terrain d’interactions sociales. Une découverte fondatrice, avant l’heure, de ce qu’on appellerait plus tard « le tchat » ou les « réseaux sociaux ».

Marc Simoncini, fondateur de Meetic, Olivier Couraud, président Olivier Claire
Marc Simoncini, fondateur de Meetic, Olivier Couraud, président Olivier Claire

« Marc Simoncini est une personnalité remarquable et inspirante. J’ai beaucoup d’admiration pour sa simplicité et son engagement à rester et entreprendre en France », témoigne Olvier Couraud, fondateur de OLIVIER CLAIRE.

L’aventure suivante est plus ambitieuse encore

En 1998, alors que la France découvre à peine Internet, il lance E-France. Le concept est simple, mais visionnaire : proposer au grand public un portail où chacun pourrait créer sa page personnelle.

Derrière l’apparente simplicité, une intuition. Le web, encore nébuleux pour le grand public, deviendra l’espace central de nos vies. Le succès est immédiat : Vivendi investit d’abord, rachète ensuite.

L’opération aurait pu le propulser vers une retraite prématurée, si la crise boursière n’était pas passée par là. Les actions Vivendi s’effondrent. Les dettes s’accumulent. Ce qui devait être l’accomplissement d’une vie devient un gouffre.

fondateur de Meetic
fondateur de Meetic

De cet échec, Marc Simoncini tirera sa plus grande leçon. La perte d’argent, la dette, l’humiliation. Mais aussi l’urgence. Une urgence qui, paradoxalement, le pousse à rebondir. 

 

Marc Simoncini, Angell et Daphni :"J'ai créé Meetic pour sauver ma peau"
Marc Simoncini se confie

« J’ai créé Meetic pour sauver ma peau »

Meetic naît de cette spirale, presque par hasard, autour d’un dîner entre amis. Deux d’entre eux se plaignent de ne pas réussir à faire de rencontres. L’idée est simple : un site, une plateforme, quelques inscriptions, et peut-être que cela suffira à changer leur quotidien.

Ce sera beaucoup plus que cela. Meetic devient en quelques années le géant européen de la rencontre en ligne, entre en Bourse, s’impose dans le quotidien de millions de célibataires.

Mais derrière ce succès apparent, Marc Simoncini conserve une forme de distance. Il n’a jamais été passionné par les produits qu’il a créés. Ni par les lunettes qu’il contribue à vendre en ligne avec Sensee, ni par le poker sur Winamax, ni même par la rencontre amoureuse sur Meetic, qu’il lance alors qu’il est déjà marié.

Marc Simoncini « Qui veut être mon associé ? »
Marc Simoncini « Qui veut être mon associé ? »

Ce qui l’anime, c’est la mécanique entrepreneuriale elle-même, le défi, la construction, l’intuition. C’est d’ailleurs cette même curiosité qui le pousse, après avoir quitté Meetic, à devenir l’un des premiers business angels français.

À travers son fonds Jaina Capital, puis au sein de Daphni, Sensee, il finance des dizaines de projets. Il cherche, soutient, observe, sans jamais perdre de vue la dimension humaine du parcours entrepreneurial. Winamax, Devialet, autant de projets qu’il accompagne, autant d’échos de son propre chemin, fait d’instincts plus que de certitudes.

En 2019, à une époque où beaucoup de ses pairs rangeraient volontiers leur ambition, Simoncini décide pourtant de replonger. Mais cette fois, le produit l’intéresse autant que le défi : le vélo. Angell est bien plus qu’une startup. C’est une passion, une aventure industrielle.

Marc Simoncini, fondateur d'Angell Bike
Marc Simoncini, fondateur d’Angell Bike

Il quitte le monde du digital pur pour celui du concret : de la soudure, des pièces mécaniques, de l’assemblage. L’industrie, la vraie, celle qui oblige à l’humilité face au temps, face aux contraintes logistiques, face aux matériaux.

Angell Mobility se distingue sur le marché des vélos électriques connectés. Un pari industriel qui trouve une validation magistrale en décrochant un partenariat mondial avec BMW pour produire des vélos sous la marque MINI. Le défi est immense, mais à la hauteur du parcours de Simoncini : exigeant, risqué, mais profondément excitant.

Marc Simoncini à Chinese Business Club
Marc Simoncini à Chinese Business Club

Et puis, il y a cette confession. Celle qui relie l’ensemble de son parcours à une philosophie de vie bien plus large. « J’ai la même carrière que Rafael Nadal », glisse-t-il, comme une confidence.

« Je ne dirais pas que j’ai échoué trop souvent, mais Nadal a démarré sa carrière par une défaite en Coupe Davis, et il l’a terminée par une autre.

Moi, j’ai créé ma première boîte à 22 ans, je l’ai plantée. Et je viens de créer la dernière, à 62 ans, et je l’ai plantée aussi. »

« Une passion, ce n’est pas fait pour faire du business. Ça vous rend complètement sensible », confie-t-il.

L’image est forte. Pas d’amertume, juste un constat : on peut perdre en finale, rater sa sortie, trébucher à la dernière marche. Et ce n’est pas une tragédie. C’est, au contraire, ce qui fait la beauté du jeu.

Son histoire, au fond, n’est qu’une longue conversation avec l’échec, et une démonstration éclatante qu’il est possible d’en faire un allié. Ce n’est pas une success story linéaire, mais une odyssée pleine de détours, d’accidents de parcours, et de détours transformés en points d’appui.

Marc Simoncini et Harold PARISOT, fondateur de Chinese Business Club
Marc Simoncini et Harold PARISOT, fondateur de Chinese Business Club

Lorsqu’on lui demande le conseil qu’il donnerait à la nouvelle génération d’entrepreneurs, sa réponse est limpide :

« Le meilleur conseil, c’est de ne pas écouter les conseils. » Un aveu d’humilité, sans doute, mais aussi une façon d’encourager chacun à tracer son propre chemin. À tomber, à se relever, et à recommencer. Encore et encore.

Car après tout, ce n’est pas la victoire qui construit un destin. C’est la façon dont on accepte de perdre.

Networking à Chinese Business Club
Networking à Chinese Business Club
Nathalie Bruel à Chinese Business Club
Nathalie Bruel à Chinese Business Club
InterContinental Paris - Le Grand
InterContinental Paris – Le Grand
 Olivier Nishimata et Leslie Lavaud, Dynamique Entrepreneuriale à Chinese Business Club
Olivier Nishimata et Leslie Lavaud, Dynamique Entrepreneuriale à Chinese Business Club
Frédéric Mazzella, Président-Fondateur de BlaBlaCar
Frédéric Mazzella, Président-Fondateur de BlaBlaCar
James Hejazi Ph.D, CEO - Managing partner Winston Rose, CGPH Banque d'affaires avec Emeline Siron , Sixtine Moullé-Berteaux , Marie Hombrouck
James Hejazi Ph.D, CEO – Managing partner Winston Rose, CGPH Banque d’affaires avec Emeline Siron , Sixtine Moullé-Berteaux , Marie Hombrouck
Thierry Sebagh, directeur ISG etCandice DE SAINT PERN, Directrice de la Communication Institutionnelle de l’ISG
Thierry Sebagh, directeur ISG etCandice DE SAINT PERN, Directrice de la Communication Institutionnelle de l’ISG
Tanguy et Marc Simoncini à Chinese Business Club
Tanguy et Marc Simoncini à Chinese Business Club
Thibaud Mory, CEO & Co-fondateur TRŸBU et Marc Simoncini
Thibaud Mory, CEO & Co-fondateur @TRŸBU et Marc Simoncini à Chinese Business Club
Frédéric TIMBERT et Bernard de La Villardière à Chinese Business Club
Frédéric TIMBERT et Bernard de La Villardière à Chinese Business Club
Christophe Laure, General Manager InterContinental Paris le Grand en mode networking à Chinese Business Club
Christophe Laure, General Manager InterContinental Paris le Grand en mode networking à Chinese Business Club
Olivier Couraud, fondateur de Olivier Claire Lilou Abidi, fondatrice de Oishii Communication
Olivier Couraud, fondateur de Olivier Claire Lilou Abidi, fondatrice de Oishii Communication

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