Partout, on entend parler de parité, d’inclusion. Pourtant, dans des secteurs comme l’industrie et le BTP, les femmes restent une minorité.
Moins de 30 % de femmes dans l’industrie (source : Conseil National de l’Industrie).
À peine 15 % aux postes de direction (source : Valtus).
Et dans le BTP, c’est encore plus frappant : seulement 12 % de femmes dans les effectifs et 3 % sur les chantiers (source : FFB).
Pourquoi ?
Pourquoi si peu de femmes alors qu’on parle d’égalité partout ?
Pourquoi encore en 2025 alors que ces secteurs font face à une pénurie de main-d’œuvre et peinent à recruter ?
C’est là que le paradoxe frappe. L’industrie et le BTP investissent massivement pour moderniser leurs outils, leurs process, leurs infrastructures. Ils innovent dans les matériaux, la robotique, la transition écologique. Mais sur le plan humain, le changement reste lent.
Les habitudes ont la peau dure.
Des vestiaires pensés pour les hommes.
Des blagues sexistes qui passent encore pour de l’humour.
Des promotions qui se jouent dans des réseaux internes fermés.
Des idées proposées par des femmes qu’on écoute moins que celles des hommes.
Des décisions stratégiques confiées spontanément aux hommes, pendant que les femmes doivent prouver leur valeur et leur légitimité avant d’être considérées.
Et quand une femme ose exprimer un désaccord ou défend ses idées avec conviction, elle est souvent jugée « excessive » ou « émotionnelle », alors que chez un homme, on applaudit son charisme et son leadership.
Ces signaux du quotidien, qu’on appelle parfois “détails”, sont en réalité des habitudes profondément ancrées, rarement remises en question.
Et c’est précisément ce terreau-là qui décourage les femmes d’oser franchir la porte.
Parce que, soyons clairs : ce n’est pas une question de compétences. Les femmes ont les diplômes, l’expérience et la motivation. Ce qui leur manque souvent, c’est un environnement qui leur donne envie de rester et d’évoluer.
Mais la réalité est plus complexe qu’il n’y paraît.
Les entreprises, même celles qui souhaitent féminiser leurs effectifs, peinent à recevoir des candidatures féminines.
En interne, elles doivent déconstruire leurs schémas bloquants, adapter parfois leur organisation ou leurs infrastructures (comme prévoir des douches ou des équipements pensés aussi pour les femmes).
Les femmes, de leur côté, doivent apprendre à se positionner, à prendre leur place et à développer leur leadership.
Et puis, il y a l’image.
Une image encore trop souvent négative : un univers sale, physique, monotone. Alors que ces métiers ont changé. Les technologies ont transformé les tâches : le port de charges n’a plus rien à voir avec ce qu’il était. L’industrie et le BTP, aujourd’hui, ce sont des projets passionnants : construction durable, transition énergétique, bâtiments intelligents, robotique, innovation technique.
Pourtant, beaucoup de parents peinent encore à imaginer leur fille devenir plombière ou cheffe de chantier.
Alors, comment on change ça ?
En travaillant des deux côtés : les femmes qui osent et les entreprises qui s’ouvrent.
En donnant à chacune les outils pour affirmer son leadership et prendre sa place.
En formant les entreprises à repenser leur organisation et leurs pratiques managériales.
En communiquant davantage sur ce que sont réellement ces métiers aujourd’hui : des univers modernes, technologiques, innovants, où chacun peut contribuer à relever les défis du monde de demain.
Et en donnant la parole aux rôles modèles, ces femmes qui ont franchi le pas et qui, par leur parcours et leur réussite, montrent la voie à toutes celles qui hésitent encore.
C’est justement ce à quoi je m’attelle au quotidien sur le terrain.
Et ça avance, petit à petit.
Par exemple, dans le cadre du projet européen EMPOWERING, j’accompagne aujourd’hui 30 femmes de l’industrie pour développer leur leadership et les aider à évoluer vers des postes stratégiques.
Ce travail est essentiel, car ces femmes sont au cœur du changement. En changeant d’état d’esprit, elles inspirent leur entourage et deviennent des moteurs de transformation. Et plus elles se sentent légitimes, plus elles osent exprimer leurs idées, débattre, proposer des solutions et affirmer leur vision.
À la toute première séance de coaching, le mot qui est revenu le plus souvent, c’est OSER.
Et cette audace, il nous la faut aussi côté entreprises.
Oser remettre en question les habitudes.
Oser rendre les femmes visibles et audibles.
Oser cesser de se demander « pourquoi y a-t-il si peu de femmes ? » pour enfin se demander : « comment arrêter de se priver de la moitié des talents ? »
Oser inscrire ces changements dans une logique continue, au quotidien et pas seulement le 8 mars pour la journée internationale des droits des femmes.
Parce que c’est en osant et en agissant tous les jours qu’on obtiendra des résultats durables.
Et c’est bien ce dont ces secteurs ont besoin pour se réinventer, innover et relever les défis de demain.