Funérailles d’Hiver : quand la mort s’invite au mariage

Sur la scène du Théâtre de l’Uchronie à Lyon, le samedi 11 mai 2024, la compagnie Aitvaras a offert au public un précieux moment de bonheur théâtral en présentant la pièce « Funérailles d’Hiver » d’Hanokh Levin. Adapté et mis en scène par Arno Leon, ce spectacle est une ode à l’absurdité de la condition humaine, où le rire et les larmes se côtoient dans un ballet macabre.

« c’est une pièce dynamique. J’ai beaucoup ri. Une expérience théâtrale immersive qui nous invite à rire, à réfléchir et, surtout, à nous reconnaître dans les travers les plus loufoques de la condition humaine. J’irai voir à nouveau au Festival Off Avignon avec ma famille », confie Judith à la fin du spectacle.

La pièce « Funérailles d’Hiver » de la compagnie Aitvaras a connu un franc succès ce samedi 11 mai, avec une salle pleine à craquer.

Mariage et enterrement se télescopent dans une famille dysfonctionnelle, dans une pièce absurde et hilarante. L’histoire, à la fois simple et complexe, met en scène une famille dysfonctionnelle aux prises avec un dilemme cornélien.

La mère vient de décéder, mais le mariage de la fille est prévu le lendemain. Comment concilier ces deux événements ? Pris de panique, les membres de la famille s’évertuent à trouver des solutions pour éviter d’annuler la noce, quitte à sombrer dans le mensonge et la folie.

Levin ne se contente pas de dépeindre les conflits familiaux avec un regard ironique, il les amplifie jusqu’à l’absurde pour mieux en révéler la portée universelle. Dans cette guerre où chaque camp défend ardemment son point de vue, l’objectif réel n’est autre que de fuir une existence vide de sens, par tous les moyens possibles.

« Maman est morte ! Maman est morte ! » (crie Latshek) « Mais je suis en train de me préparer pour mon mariage ! Je n’ai pas le temps pour tes histoires. Je m’en fiche ! Je ne l’aimais pas beaucoup de toute façon. »

Une pièce grinçante qui dépeint les travers de la société avec une acuité redoutable. Les personnages, tous plus extravagants les uns que les autres, incarnent les vices et les hypocrisies de l’humanité. Leur obsession pour les apparences et les conventions sociales les conduit à des situations ubuesques, révélant ainsi la vacuité de leur existence.

« Pourquoi vient-on au monde ? Pour ne va ouvrir ». « 400 invités et 800 poulets rôtis pour le mariage »

Masques, marionnettes et musique live s’entremêlent pour créer une atmosphère à la fois irréelle et familière, renforçant le caractère fantasque de l’histoire tout en soulignant la profondeur des enjeux sous-jacents.

Une mise en scène inventive et des comédiens exceptionnels

La mise en scène d’Arno Leon, inventive et décalée, épouse parfaitement l’esprit de la pièce. Sur un plateau nu, les comédiens évoluent avec une liberté et une créativité débordantes. Les masques créés par Noémie Schrevelle, et les marionnettes ajoutent une touche grotesque et burlesque à l’ensemble. La musique live, jouée par Victor Breda, rythme la pièce et accentue les moments de tension et d’humour.

La distribution, impeccable, est l’un des points forts du spectacle. Lise Gilet, Arno Leon, Thibault Schrévelle, Estelle Ruffin, Lois Vial et Victor Breda campent avec brio leurs personnages hauts en couleur, créant une galerie de portraits inoubliables. Leur jeu physique et expressif est un régal pour les yeux, et leur complicité sur scène est palpable.

Félicitations à Yanis Charvet pour son travail d’éclairage remarquable dans le spectacle. Son talent a permis au public d’apprécier pleinement les nuances de la pièce.

Une pièce incontournable pour tous ceux qui cherchent à explorer les mystères de la famille et de la vie avec un regard à la fois critique et bienveillant.