Barreau de Lyon : un nouveau tandem élu pour incarner un Barreau coopératif, moderne et rayonnant
#barreaudeLyon
Barreau de Lyon : IA, conditions de travail, justice lente… les défis du nouveau bâtonnier
Hubert de Boisse et Florence Wischer, élus au bâtonnat de Lyon, misent sur coopération, numérique et attractivité pour réformer l’avocature.
Le Barreau de Lyon connaît depuis le 17 juin un tournant dans sa gouvernance. À l’issue du scrutin ordinal organisé par voie dématérialisée, Hubert Mortemard de Boisse et Florence Wischer ont été élus respectivement bâtonnier et vice-bâtonnière pour la mandature 2026-2027.
Les résultats ont été proclamés à 19h30 dans les salons de l’Ordre par les actuels titulaires, Maîtres Alban Pousset-Bougère et Sara Kebir, devant une assemblée réunie au 176 rue de Créqui, à l’occasion d’une soirée conviviale saluée par les participants.
Avec 1 266 voix sur 1 791 votants, soit un peu plus de 70 % des suffrages valablement exprimés, le binôme s’est imposé dès le premier tour, malgré une participation relativement modérée (41,24 %) et un volume élevé de bulletins blancs (521).
Ce score témoigne d’un soutien net à leur projet, mais aussi d’un moment de questionnement collectif sur la place et l’avenir du métier d’avocat.
Leur prise de fonction interviendra le 1er janvier 2026, pour un mandat de deux ans.
D’ici là, une phase de transition dite de « Delphinat » s’ouvre, période d’échange et de coordination entre l’équipe sortante et les élus désignés, destinée à préparer au mieux la continuité institutionnelle.
Intitulé « Coopérer et rayonner dans la Cité », le programme de Mortemard de Boisse et Wischer s’inscrit dans une lecture exigeante mais constructive de la crise que traverse la profession.
Perte d’attractivité, isolement croissant, pression économique, surcharge émotionnelle, lenteur chronique de la justice, et montée en puissance des outils numériques et de l’intelligence artificielle : le diagnostic est clair, documenté, et partagé par nombre d’avocats.
Leur réponse repose sur une conviction centrale :
- la coopération, non comme idéal abstrait mais comme levier structurant. Coopération entre confrères, via de nouveaux outils mutualisés, une plateforme collaborative repensée, un site de l’Ordre modernisé, un annuaire des juridictions du ressort et une conciergerie professionnelle facilitant le quotidien.
- Coopération avec les magistrats, à travers l’organisation de rencontres régulières par pôles d’activité, la mise en commun des constats sur les délais, les charges de travail et les blocages pratiques.
- Coopération enfin avec la société, dans une logique d’ouverture, de pédagogie, de présence visible de l’avocat dans l’espace public.
La feuille de route est concrète, structurée, ambitieuse sans être hors sol. Elle prévoit, entre autres, la création d’un organisme de formation Qualiopi pour permettre aux avocats de transmettre leur expertise à leurs clients dans un cadre certifié.
La mise en place d’une halte-garderie à proximité du Palais. L’activation d’un accès simplifié à la facturation électronique. L’appropriation massive de l’intelligence artificielle — au-delà des seuls outils juridiques — pour automatiser, structurer, fluidifier les tâches sans dénaturer la relation humaine au cœur du métier.
Autre volet du programme : l’adaptation des modes de collaboration professionnelle. Le binôme souhaite expérimenter, au sein du Réseau interprofessionnel lyonnais, des contrats de sous-traitance, des mécanismes de rémunération de l’apport d’affaires entre avocats, et de nouveaux modèles partenariaux permettant de sécuriser les pratiques déjà à l’œuvre dans la réalité économique des cabinets.
C’est aussi dans la relation aux institutions judiciaires que les nouveaux élus veulent marquer un virage.
- Réduction des temps d’attente aux audiences,
- meilleure organisation des audiences correctionnelles,
- amélioration des conditions de visite en détention,
- dialogue renforcé avec les chefs de juridiction : autant de sujets identifiés comme prioritaires pour rendre à l’avocat la maîtrise de son temps et de son rôle.
Leur profil respectif ancre ce projet dans une double légitimité.
Hubert Mortemard de Boisse, avocat depuis 1999, est spécialiste du contentieux entre associés et figure bien connue de la vie ordinale : membre du Conseil de l’Ordre, président de la commission de l’exercice professionnel, administrateur du fonds AGIR!, référent interprofessionnalité, et engagé dans les passerelles entre professions du droit et du chiffre.
Florence Wischer, avocate généraliste depuis 1994, exerce à dominante droit des personnes, de la famille et du patrimoine. Élue à la CNBF, elle a siégé dans les commissions des mineurs, des honoraires, de la comptabilité, et connaît intimement les juridictions civiles.
Ensemble, ils incarnent un équilibre entre rigueur structurelle et sensibilité aux réalités humaines. Leur approche s’éloigne des postures pour privilégier les solutions. Elle assume une volonté de réforme sans renier l’histoire ni les principes.
Dans un contexte où la justice traverse une crise de confiance, où les jeunes avocats s’interrogent sur leur avenir, où les outils numériques bouleversent les usages, le Barreau de Lyon choisit une voie claire : celle d’une modernisation coopérative, ancrée, collective. Le mandat qui s’ouvre sera à la fois exigeant et stratégique.
Mais les attentes exprimées dans les urnes, comme dans les débats qui ont précédé le vote, montrent que la profession est prête à écrire un nouveau chapitre. À Lyon, il portera désormais la signature d’un binôme : cohérent, déterminé, et tourné vers l’avenir.
