Création d’entreprise : Bpifrance soutient 10 246 entrepreneurs en Auvergne-Rhône-Alpes en 2024

Avec 4,6 milliards d’euros déployés en 2024 auprès de près de 12 000 entreprises, Bpifrance Auvergne-Rhône-Alpes signe une année d’intervention à très haute intensité. L’établissement public, bras armé financier de l’État dans les territoires, renforce son empreinte sur le tissu entrepreneurial régional. Mais derrière la progression des volumes, une question de fond se dessine : celle de la cohérence et de la soutenabilité de cette mécanique d’appui public.

Cette année encore, nos équipes, sur le terrain, ont déployé toute leur énergie pour soutenir efficacement les entreprises de notre territoire dans leur croissance. Toujours au plus près des entrepreneurs, nous poursuivons notre ambition : 

accompagner les chefs d’entreprise dans leur développement et ainsi leur permettre de relever les défis économiques d’aujourd’hui et de demain », souligne Yvan DEMARS, Directeur du Réseau Auvergne-Rhône-Alpes, à la conférence de presse ce merdreci 23 avril.

Le volet industriel concentre la part la plus significative des flux. Un tiers des ressources mobilisées par Bpifrance dans la région a été orienté vers l’industrie, confirmant le retour en grâce d’un secteur longtemps considéré comme en déclin. La banque publique a soutenu 1 272 entreprises industrielles pour un montant de 1,4 milliard d’euros.

Ces investissements s’inscrivent dans la ligne stratégique du plan France 2030, qui vise à repositionner l’industrie française sur les segments les plus innovants, résilients et décarbonés.

Dans les faits, les projets accompagnés vont de la modernisation d’équipements productifs à l’intégration de briques technologiques, souvent portés par des PME de taille intermédiaire.

L’innovation reste l’un des piliers de l’action de Bpifrance, mais sa dynamique s’est complexifiée en 2024. Si l’établissement a mobilisé 713 millions d’euros en faveur de 670 entreprises innovantes, l’évolution des instruments révèle une inflexion.

« Nous avons à cœur de faire sortir les créateurs et les chercheurs de leurs laboratoires pour les ancrer dans la réalité du terrain. Mais il ne faut pas oublier que nos entreprises industrielles, elles aussi, sont des lieux d’innovation — souvent sans même en avoir conscience. Une entreprise qui réussit aujourd’hui, c’est une entreprise qui a su innover. 

Sans cela, elle aurait déjà été écartée de son marché.C’est pourquoi il est essentiel de les encourager à aller encore plus loin : innover dans les procédés, les produits, ou encore la gestion de l’énergie. Cette dernière initiative s’inscrit précisément dans cette dynamique », déclare Charles-Eric Baltoglu, Directeur régional de Bpirance à Lyon, lors de la conférence de presse.

Les prêts sans garantie, habituellement prisés pour le financement des jeunes pousses, accusent un net recul (-37 % par rapport à 2023), en ligne avec le ralentissement du capital-risque.

Ce sont désormais les aides structurelles — subventions, avances remboursables, fonds propres — qui prennent le relais, souvent dans le cadre des stratégies nationales d’accélération.

En Auvergne-Rhône-Alpes, les dispositifs Deeptech de France 2030 ont concentré plus de 147 millions d’euros à eux seuls. Une évolution qui reflète moins un repli qu’une réorientation vers des projets à forte intensité technologique… et à fort besoin de capitaux publics.

La transition écologique, elle, s’installe dans le quotidien des PME, mais demeure à ce stade largement soutenue par l’impulsion publique. Avec 133 millions d’euros de prêts climat et 497 diagnostics environnementaux réalisés, Bpifrance affiche une progression sensible de ses outils verts.

Les diagnostics, en particulier les « Diag’Action Climat » (décarbonation, éco-flux, éco-conception), gagnent du terrain, mais leur transformation en plans d’investissement structurants reste encore inégale.

Le principal défi reste l’alignement entre urgence climatique, retour sur investissement, et capacité d’endettement des entreprises concernées.

Plus inattendu, le domaine de la création d’entreprise affiche une vigueur remarquée. Près de 10 250 créations ont été soutenues, en hausse de 25 % par rapport à 2023.

Bpifrance tire ici parti de sa capacité à animer un écosystème étendu, via des dispositifs comme « Mon Pass Créa » (30 500 pass délivrés) ou le programme « Entrepreneuriat Quartiers 2030 », qui a permis d’accompagner près de 4 000 entrepreneurs issus des quartiers prioritaires.

Ce dernier s’impose comme un levier d’inclusion économique, mais aussi comme un terrain de conquête pour Bpifrance, désormais bien plus qu’un simple outil de financement.

Le partenariat entre Bpifrance et la Région Auvergne-Rhône-Alpes constitue, comme dans d’autres régions, un pilier discret mais structurant.

En 2024, 70 millions d’euros ont été mobilisés dans ce cadre, en attendant le déploiement de la nouvelle génération de fonds européens FEDER à partir de 2025. Le lancement du « Prêt innovation FEDER », adossé à la Région, s’inscrit dans cette logique de co-investissement public, qui multiplie les sources pour répondre aux besoins croissants des entreprises.

Reste une interrogation : celle de l’équilibre global de l’intervention. Si les volumes témoignent d’une ambition assumée, leur ventilation pose question. La forte dépendance à l’appui public sur certains segments (innovation de rupture, transition écologique, capital amorçage) alimente le débat sur le rôle réel de la banque publique : outil d’impulsion ou acteur de substitution ?

La réponse dépendra de la capacité du tissu économique à se réapproprier les dynamiques enclenchées. Autrement dit, le succès de Bpifrance ne se mesurera pas seulement à l’aune des montants engagés, mais à celle de leur effet multiplicateur dans la durée.