Aviation électrique : l’Elektro Tour 2025 réussit la première traversée de la Manche en avion 100 % électrique

L’image paraît improbable : un avion léger, 100 % électrique, traversant la Manche avant de se poser à Londres Gatwick, l’un des aéroports les plus fréquentés d’Europe.

Et pourtant, c’est désormais une réalité. Le Pipistrel Velis Electro, unique avion électrique certifié en Europe, a relevé ce défi dans le cadre de l’Elektro Tour 2025, projet inédit mené par quatre jeunes pilotes convaincus que l’avenir de l’aviation sera propre, silencieux… et électrifié.

À l’heure où le secteur aérien cherche des solutions crédibles face à l’urgence climatique, cette expédition de 3 000 kilomètres à travers la France et le sud de l’Angleterre envoie un message fort : l’aviation de demain est déjà en vol.

Organisé entre le 1er et le 25 juillet, l’Elektro Tour combine prouesse technologique, engagement environnemental et aventure humaine. Il ne s’agit pas d’un gadget marketing, mais d’une démonstration ambitieuse de faisabilité, à bord d’un appareil qui ne consomme ni kérosène, ni carburant alternatif.

Le Velis Electro, conçu par le slovène Pipistrel et certifié en 2020, est un concentré d’innovation : autonomie de 50 minutes, vitesse de croisière de 170 km/h, émissions nulles, bruit réduit de 80 % par rapport aux avions à moteur thermique.

L’appareil ne transporte que deux personnes à bord, mais il incarne un saut technologique majeur dans l’aviation légère.

L’Elektro Tour en exploite pleinement les capacités, avec un itinéraire pensé pour respecter les réglementations européennes (notamment les marges d’autonomie obligatoires) tout en maximisant la portée pédagogique et symbolique du vol.

Ce sont quatre jeunes pilotes qui ont imaginé et réalisé ce projet : Elizabeth, Noam, Gabriel et Iestyn. Tous titulaires de la licence de pilote privé, certains à peine majeurs, ils incarnent une nouvelle génération d’aéronautes engagés, à la fois fascinés par les possibilités du vol et conscients des limites environnementales du transport aérien. Pour eux, voler autrement, c’est possible. Et c’est même nécessaire.

L’édition 2025 fait suite à un premier tour de France en 2024 déjà audacieux : 17 jours, 50 étapes, 7 conférences de presse, des dizaines d’événements dans les aéroclubs, auprès des jeunes, des élus, des professionnels du secteur.

Cette année, le projet prend une dimension européenne avec la première traversée de la Manche et un atterrissage inédit à Londres Gatwick d’un avion 100 % électrique. Une prouesse logistique autant que symbolique.

Mais cette aventure ne serait rien sans le soutien d’un écosystème économique en transition. Des acteurs majeurs comme VINCI Airports se sont engagés en tant que partenaires.

Neuf aéroports du réseau VINCI accueilleront l’Elektro Tour. Le groupe, engagé depuis 2016 dans une stratégie climat ambitieuse, mise sur l’intégration progressive des avions électriques dans les aéroclubs et écoles de pilotage pour réduire les émissions de l’aviation générale, souvent négligée dans les plans de transition.

Le projet est également soutenu par Kia France, qui met à disposition des véhicules électriques pour les déplacements terrestres de l’équipe, mais aussi par des entreprises industrielles (Dumona, Laurent Fixation), des acteurs de la formation aéronautique (Avialpes, Jy’V FormaConseil) et des agences de communication comme Pixpocket. Toutes ont en commun une volonté de s’impliquer concrètement dans la décarbonation des mobilités.

Au-delà de la performance technique, l’Elektro Tour est une vitrine des mutations profondes à l’œuvre dans l’aérien. L’essor des carburants durables (SAF), les expérimentations sur l’hydrogène, les futurs avions à décollage vertical (eVTOL), les simulateurs intelligents et la montée en puissance de l’intelligence artificielle embarquée dessinent déjà les contours d’un nouveau paradigme.

Même la formation des pilotes se transforme : un quart des heures de vol du PPL peut désormais être effectué sur avion électrique, une proportion appelée à croître rapidement.

Ce projet offre aussi un espace de récit. Il ne s’agit pas simplement de voler propre, mais de raconter autrement l’aviation. Le passeport virtuel mis à disposition du public, les capsules vidéos partagées sur les réseaux sociaux, les rencontres dans chaque aérodrome visité : tout est pensé pour susciter le dialogue avec les territoires, les jeunes, les curieux, les sceptiques.

Si l’avion électrique ne remplacera pas demain les long-courriers intercontinentaux, il a déjà trouvé sa place dans l’écosystème aéronautique. Il offre une solution pertinente pour la formation, l’aviation de loisir, les vols courts. Il permet aussi de réconcilier aviation et durabilité, secteur trop souvent caricaturé comme irréconciliable avec les objectifs climatiques.

À travers l’Elektro Tour 2025, la démonstration est claire : voler bas carbone n’est plus une utopie. C’est une réalité, modeste encore, mais porteuse de transformation. Il aura fallu l’enthousiasme et la détermination de quatre jeunes pilotes pour le prouver. Dans un monde souvent en quête de récits inspirants, celui-ci s’écrit en plein ciel.