Le Bois des Lutins : un parc de loisirs durable qui redessine les équilibres économiques à l’est de Lyon

À 25 minutes à peine de Lyon, dans un écrin forestier aux abords de Diemoz, un parc familial trace sa route en marge des standards de l’industrie du loisir.

Ici, pas de montagnes russes ni de mascottes géantes, mais dix hectares d’espaces de jeux naturels, de spectacles et d’aventures en plein air, conçus avec une ambition simple : faire rimer divertissement et développement durable.

Depuis son ouverture en 2019, le Bois des Lutins Lyon-Est Diemoz s’est imposé comme un modèle atypique de croissance verte. En mai 2025, il a franchi une nouvelle étape en recevant le label national « Divertissement Durable », niveau Engagé, remis par la ministre déléguée au tourisme.

Un label exigeant, peu connu du grand public mais scruté par les professionnels du secteur, qui marque la reconnaissance d’une stratégie d’entreprise cohérente, transversale et économiquement viable.

Dans un contexte où les parcs de loisirs traditionnels peinent à faire évoluer leurs modèles face aux enjeux environnementaux, le Bois des Lutins prouve qu’un autre chemin est possible.

Ici, chaque élément du parc a été pensé pour minimiser l’impact écologique et maximiser la valeur locale :

• les structures sont construites en bois local,
• les sols ne sont jamais traités chimiquement,
• les circuits d’eau sont optimisés,
• et les déchets valorisés sur site.

Cette approche d’éco-conception dépasse l’aménagement paysager : elle s’inscrit dans une stratégie économique qui repose sur l’autonomie, la circularité et la proximité.

Loin d’être un frein à la rentabilité, ces choix structurants permettent au parc de réduire ses coûts variables, de fidéliser ses publics et de répondre à une demande croissante de loisirs à faible empreinte carbone.

Mais c’est sur le plan social que le modèle interpelle. Chaque année, le site emploie une cinquantaine de saisonniers, recrutés sans CV, sur la base d’entretiens, d’envie et de potentiel. Une méthode volontairement inclusive, destinée à casser les barrières d’accès à l’emploi et à favoriser la diversité des profils.

Une fois intégrés, les collaborateurs sont formés, accompagnés, et bénéficient d’un environnement de travail centré sur le bien-être.

Résultat : une dynamique collective forte, un faible turnover et une qualité d’accueil perçue comme un véritable atout concurrentiel.

Cette stratégie RH participe pleinement à la performance économique du parc, en limitant les coûts liés à l’instabilité et en renforçant la cohésion d’équipe.

Côté restauration, même logique. Tous les produits sont issus de producteurs locaux, transformés sur place ou en collaboration avec la boulangerie artisanale du groupe.

Le « fait maison » devient un marqueur de qualité et d’engagement. La chaîne de valeur est resserrée, maîtrisée, et reterritorialisée, réduisant les dépendances aux grands fournisseurs industriels tout en stimulant le tissu économique local.

Cette relocalisation des flux, encore marginale dans l’industrie des loisirs, devient ici un levier stratégique pour se différencier et renforcer la résilience du modèle.

Le label Divertissement Durable, initié par le SNELAC (Syndicat National des Espaces de Loisirs et Culturels), repose sur 18 indicateurs et 120 critères qui couvrent les dimensions sociales, environnementales et économiques. Il ne s’agit pas d’un simple argument marketing : l’audit est rigoureux, mené sur plusieurs mois, et nécessite une mobilisation de toutes les parties prenantes.

Pour le Bois des Lutins, cette labellisation représente à la fois une reconnaissance et un outil de pilotage.

 Le groupe, basé à Lyon, est spécialisé depuis vingt ans dans les loisirs et l’événementiel, et entend faire du Bois des Lutins une vitrine de son engagement RSE.

Avec près de 100 000 visiteurs en 2024, le parc démontre que l’écoresponsabilité peut s’accompagner d’une attractivité économique forte.

Le modèle repose sur une expérience client différenciante, centrée sur le vivant, le sensoriel, le pédagogique. Loin de l’escalade technologique qui caractérise les grands parcs d’attraction, ici, c’est la nature qui fait spectacle.

Cette sobriété assumée permet de contenir les investissements lourds, de limiter les consommations énergétiques et de capitaliser sur une valeur émotionnelle durable.

Les perspectives de développement ne manquent pas. En 2025, le parc prévoit de renforcer son offre en multipliant les animations thématiques autour de la biodiversité, en déployant de nouveaux parcours immersifs et en ouvrant ses portes à davantage d’événements d’entreprises (team buildings, séminaires au vert).

Une diversification maîtrisée, en cohérence avec l’ADN du lieu, qui pourrait inspirer d’autres acteurs du secteur.

Car si le label Divertissement Durable en est encore à ses débuts – lancé en 2020, il ne concerne pour l’instant qu’une dizaine de sites pilotes – il est appelé à structurer un tournant stratégique de toute une industrie.

Dans un monde où les attentes sociétales évoluent, où les collectivités locales cherchent à concilier développement économique et transition écologique, le Bois des Lutins montre qu’un parc de loisirs peut devenir bien plus qu’un espace récréatif.

Il peut être un levier de transformation, un laboratoire de pratiques responsables, et un acteur économique à part entière. Une leçon d’équilibre, à la croisée des chemins entre croissance et conscience.